Hell on wheels a réussi là où Deadwood avait échoué il y a quelques années : m'intéresser à l'univers boueux, fétide, machiste, brutal du Far West... J'avais pourtant juré à Sergio Leone de ne jamais aimer d'autre cowboy après Le Bon, la Brute et le Truand, l'indétrônable "film du dimanche" de mon enfance, le western viril par excellence. Et me voilà captivée par cette histoire de vengeance, de pouvoir, de lutte des clans, de confusion post-guerre de Sécession, sur fond de construction du grand chemin de fer transcontinental qui doit relier l'Est à l'Ouest américain à fond de train. La faute à Cullen Bohannon (l'inconnu Anson Mount), anti-héros Sudiste, cracra à souhait (quoique fatalement sexy), et surtout au "Swede" (Christopher Heyerdahl), géant scandinave un tantinet psychopathe, mais aussi à Lily Bell (Dominique McElligott), la Belle de l'Ouest, moins gourdasse que Dr Quinn, mais ambitieuse, déterminée, impitoyable, comme seule peut l'être une femme dans un monde d'hommes. La faute aux accents qui résonnent dans ce vaste no-man's land où se construit, au rythme de 3 kilomètres et d'une poignée de morts par jour, l'histoire des Etats-Unis, faite du sang et de la sueur de ceux que l'on appelle pas encore les Américains : les "Irish", immigrants de la première heure, les afro-américain, qui ne sont encore rien d'autre que les "Negroes", ou les "Southerners", soldats vaincus de la Confédération, à peine mieux considérés que les immigrés et les affranchis. La faute au réalisme de l'histoire, à l'intelligence du scénario, au charisme des personnages. Et la faute à AMC, qui après Mad Men, Breaking Bad, The Walking Dead ou encore The Killing, n'en finit pas de mettre sur les rails des séries de qualité.