House of Cards… Mon péché mignon lors des deux premières saisons et – BIM ! – la douche froide lors de la troisième. Mélo à deux balles ; embrouillaminis et invraisemblances dans la gestion du personnage de Claire, et surtout traitement totalement loupé des questions de politique étrangère. Certes, tout n’était pas à jeter dans cette saison 3, mais alors qu’auparavant la série parvenait à faire coulisser son intrigue sans commettre trop d’impairs, là on restait quand même là sur une accumulation de retournement de situation bidon, de frasques sensationnalistes grossières, et d’incohérence dans les comportements de chacun… C’est donc sans enthousiasme que je me suis risqué à cette saison 4 et… Mmmmh… Finalement j’ai été agréablement surpris. L’air de rien, dans cette saison 4, la série renoue avec tout ce qu’elle avait plus ou bien abandonné ou délayé dans la saison 3. A suivre les épisodes d’ailleurs, il y a quand même un sacré droit d’inventaire (
on revient sur l’assassinat de Zoé Barnes ; on revient sur l’assassinat de Peter Russo ; on ramène Walker, Tusk et Danton dans le cœur du tourbillon…
) Mais surtout, il y a un vrai retour aux deux piliers fondamentaux sur lesquels reposaient pour moi jusqu’alors la série : le polar noir d’un côté et le regard alternatif et désenchanté sur le monde la politique de l’autre. Et sur ces deux points, le second m’avait tout particulièrement manqué. J’aime comment cette série réduit toutes les décisions politiques à des batailles d’ego, d’intérêts et à des stratégies de manipulation. Au fond, « House of Cards » n’est jamais aussi bon que lorsqu’il arrête de parler de la politique des idées pour mieux se focaliser sur la politique des politiciens. Et pour le coup, dans cette saison 4, on est servi. Il y a quand même une sacrée densité de péripéties qui surviennent ; certaines très risquées d’ailleurs (
la tentative d’assassinat, l’implication des réseaux sociaux et des moteurs de recherche dans la campagne présidentielle, l’édification d’un personnage politique que sur l’image et la posture
), mais la plupart du temps vraiment réussies. En cela, l’opposition de style Underwood / Conway se révèle finalement très fructueuse. Dommage que finalement, après tant de parties gagnées, cette saison 4 se croute sur ses derniers épisodes. La gestion d’un acte terroriste en pleine campagne, c’est une idée brillante. Manque de pot, je trouve que les mécaniques de cette crise font trop grossières et artificielles.) Alors certes, malgré son loupée de fin, je trouve que la conclusion amenée est intéressante et augure du meilleur pour la saison 5. Dommage seulement que la suspension d’incrédulité s’est envolée au plus mauvais des moments. Bref, pour moi, avec cette saison 4, « House of Cards » n’a pas retrouvé à mes yeux l’état de grâce qu’était le sien lors de ses deux premières saisons. Malgré tout, par son audace, et grâce à quelques moments remarquablement traités, je dois bien reconnaître qu’il reprend place dans mes séries d’estime. Après la saison 3 c’était loin d’être joué. Donc franchement, bravo et chapeau bas…