Avant cette saison 3, « House of Cards », pour moi, c’était un peu le « Game of Thrones » de bien d’autres : c’était cette série qui avait su me prendre très rapidement alors que je ne m’y attendais pas ; c’était cette série qui avait fini par créer chez moi une véritable fascination puis une addiction ; c’était cette série pour laquelle je comptais secrètement les mois et les jours avant l’avènement de la prochaine saison à venir… Et là, pour cette troisième saison, histoire de ne rien louper, je m’étais renfilé les deux précédentes, ce qui fut l’occasion d’ailleurs pour moi de les apprécier encore davantage. Or, je dois bien le dire, les trois à quatre premiers épisodes de cette nouvelle mouture m’avaient d’abord rendus confiant. Je trouvais que les auteurs de la série savaient poursuivre ce qui avait été commencé ; qu’ils avaient su remarquablement montrer la perversité du monde de la politique où – un peu comme à « Game of Thrones » justement – on ne survit qu’en montant, mais pour mieux chuter une fois arrivé au sommet… Et oui, je trouve que, non seulement c’était une bonne idée de montrer que même président, le perfide Underwood n’avait pas le droit de baisser le garde et que toute forme de naïveté, de relâchement, d’espérance d’accalmie même au sommet, était encore le meilleur moyen de se livrer en pâture... Donc oui, dans un premier temps, je trouvais cette nouvelle saison bien partie, et les quelques détails qui me dérangeaient étaient suffisamment secondaires pour que cela n’altère pas mon plaisir et mon espoir. Seulement voilà, passé l’épisode 6, le point de non-retour fut atteint. A partir de là, ces détails autrefois secondaires passent clairement au premier plan et là, il ne devient plus possible de masquer les faiblesses de cette troisième saison. Entre ce traitement très fragile, simpliste et presque caricatural des questions de politiques internationales ; les torsions maladroites du scénario pour essayer de donner une place au personnage de Claire ; et surtout la volonté d’insérer davantage de situations humaines et émotionnelles au sein des enjeux de l’intrigue ; toutes ces négligences et autres facilités ont très vite finies par me sortir de l’état d’esprit qui me faisait adorer « House of Cards ». Moi, j’adorais le fait que la série soit sans concession ; j’adorais le fait que cette série sache adopter ce ton cynique mêlant la noirceurs des vieux polars américains avec la dimension tragique des pièces politiques élisabéthaines… Oui, j’adorais ce reflet noir que nous renvoyait la série de notre système démocratique, ne laissant aucune chance à toute forme de survivance de mythe. Et là, comme si le succès avait fait soudainement peur, comme si les auteurs avaient craint d’égratigner la sacro-sainte fonction présidentielle, voilà que la série sombre dans une étrange simplification des enjeux, dans une forme de romantisme et d’angélisme dégoulinants, pire surtout, dans des ressorts faciles dignes de séries plus ordinaires. Parce que oui, en fin de compte, c’est ça qui me dézingue le plus dans cette saison là. Ce n’est le fait que « House of Cards » soit totalement passé à côté de son sujet – bien au contraire – je considère même que les choix d’enjeux étaient les bons. Non, le problème n'était pas dans le choix de fond, mais bien plus la légereté de traitement. J’en veux pour exemple de cette faiblesse la conclusion de cette saison (que je ne spoilerai pas) : elle est en soi intéressante pour ce qu’elle ouvre comme piste pour la saison à venir (la dernière j’espère), mais la manière dont elle est amenée est en totale contradiction avec l’esprit de la série. Les choix des uns et des autres, l’enchaînement des événements et des situations qui conduisent à cet aboutissement, sont tellement forcés, illogiques par rapport aux habitudes des personnages, que le tout devient subitement artificiel et creux. C’est con, mais moi, à partir du moment où je me rends compte que les scénaristes s’arrogent désormais le droit de changer les aptitudes, méthodes et logiques de chacun en fonction de ce qui les arrange, cela rend le résultat bien plus banal. Et oui, au final c’est bien ça ce que je reproche à cette saison 3. Elle n’est pas totalement mauvaise, certes, mais quelle tristesse que désormais, elle soit rentrée dans le rang des séries consensuelles, avec tout son lot de lourdeurs et de contradictions… Venant d'une série de ce gabarit, avec un tel potentiel, c'est juste du gâchis. Pour le coup, j’aurais préféré un autre traitement à mon addiction, ça c’est certain…