Au fil de ses fluctuations narratives, "House of Cards" a tissé une toile complexe d'ambition, de pouvoir et de manipulation, reflétée à travers les trajectoires ascendantes et descendantes de ses protagonistes, Frank et Claire Underwood. Si la saison 1 fut une révélation, posant les bases d'une série à la fois audacieuse et novatrice, offrant une vision sans concession du pouvoir politique à Washington, la saison 2 a su élever encore l'enjeu, en affinant ses mécanismes et en plongeant plus profondément dans l'obscurité de ses personnages principaux, frôlant la perfection narrative.
Cependant, la saison 3 a marqué un tournant, révélant les premières fissures dans ce qui semblait être un édifice imperturbable, en raison d'un léger essoufflement dans son audace scénaristique. Bien que toujours captivante, cette saison a légèrement fléchi sous le poids de ses ambitions, laissant transparaître une certaine prévisibilité dans les manœuvres politiques d'Underwood. La série a néanmoins su rebondir avec brio dans la saison 4, retrouvant une partie de sa vigueur initiale et de son acuité dans l'exploration des dynamiques de pouvoir, en particulier à travers le prisme du mariage Underwood et des sacrifices consentis sur l'autel de l'ambition.
La saison 5, quant à elle, a oscillé entre des moments de brillance et des zones d'ombre, se heurtant parfois à la suspension de l'incrédulité de son audience devant certaines de ses intrigues. Malgré cela, elle a réussi à maintenir l'intérêt grâce à des performances toujours aussi remarquables et à des rebondissements audacieux, bien que son éclat ait été quelque peu terni par rapport à ses débuts fulgurants.
La saison 6, confrontée à l'absence soudaine de Spacey (Frank Underwood), a dû naviguer en eaux troubles. Malgré une Claire Underwood prenant les rênes avec une détermination féroce, incarnée par une Robin Wright toujours magistrale, cette saison finale n'a pas pleinement su capturer l'essence qui faisait la grandeur de "House of Cards", se terminant sur une note qui, bien que satisfaisante, ne reflète pas entièrement l'éclat de ses débuts.
Ainsi, si l'on considère l'ensemble de son parcours, "House of Cards" demeure une série majeure, innovante et souvent brillante, marquée par des performances d'acteurs de premier ordre et une réalisation audacieuse. Cependant, les irrégularités de son parcours, notamment les flottements narratifs et certaines facilités scénaristiques dans ses dernières saisons, amènent à une appréciation finale de 4/5. Une note qui rend hommage à son apport indéniable au paysage télévisuel, tout en reconnaissant les ombres qui ont parsemé son ascension.