House of Cards,
La série Originale de Netflix est une idée des plus géniales, non pas par l'inventivité d'une idée transcendante, mais par l'utilisation de la politique américaine pour créer une fresque directe et passionnante, dénigrant la morale humaine dont Frank Underwood n’hésite pas à nous faire remarquer avec ses nombreux clins d’œil aux spectateurs. En parlant de Francis Underwood, ce Whip au Congrès Démocrate est des plus fascinants du petit écran américain actuel, de plus en plus cynique, viscéral, planificateur, charismatique, hypocrite et par cela incroyable de vraisemblance au cours de la série, tout ça en raison de sa grande humiliation lors de la nomination du Secrétaire d’Etat. S’emparant de l’influence de la presse, utilisant son influence sur le Congrès et sa ruse sans égal, il planifie une machination destructrice, totale, ayant des risques pour chaque personne impliquée, qui ravageras le Gouvernement. Avec son épouse Claire, femme sibylline qui se dévoile de plus en plus avec les évènements se produisant, se forme un parallèle à MacBeth mais où les deux membres du couple serait Lady Macbeth posant leurs influence sur les autres. La politique américaine est donc dépeinte dans House of Cards comme tricherie, mensonges et vices, sans la condamner, mais en la façonnant comme naturelle. On note pourtant une neutralité générale et impressionnante, aucuns (ou rares) sourires et rires des personnages, le sérieux et les regards symboliques dominent, paradoxalement pour notre plus grands plaisir, ce qui nous permet de nous concentrer sur les dialogues impeccables écrits par le créateur, Beau Willimon. La présence de l’immense Kevin Spacey pour camper Francis Underwood est une raison plus que suffisante pour regarder et tomber sous le charme de House of Cards. De plus, une autre raison, est la présence du réalisateur visionnaire David Fincher qui réalise les deux premiers épisodes et met sa patte sur les autres épisodes, ce ton noir-bleu-taupe, ces travellings lents et innovants, ce rythme Fincheresque, tout cela caractérise l’ambiance d’House of Cards, rappelant The Social Network, Fight Club, Zodiac. Le supplément, comme amorcé ci-dessus, est la complicité entre Frank et le spectateur, les séquences de discussion entre Kevin Spacey et la caméra. Ici, c’est un effet qui marche, le spectateur se sent au cœur de la Maison Blanche, au cœur du plan d’Underwood, entre incompréhension, peur, rire, jouissance, et identification à Francis.
En plus de ça, les personnages entourant notre Politicien préféré renforce la qualité de ce show par des interprétations captivantes. Michael Kelly est complètement génial dans son rôle de chef de cabinet Doug Stamper, Corey Stoll bouleversant, Gerald MacRaney très bon en riche antagoniste, et plus important, Robin Wright, parfaite en Claire Underwood vacillante entre douceur et cruauté.
Comme le dit si bien Francis Underwood, pas de place aux sentiments pour les personnages dans House of Cards, seul la réussite de cette machination monstrueuse est nécessaire.
Même pour une personne n’ayant aucune notion ou même intérêt en Politique américaine, on apprend, on se passionne, on commence à raisonner comme Francis Underwood, on finit par aider Francis pour atteindre son but, et on s’en réjouit. Chaque épisode fait monter la tension et l’attirance du spectateur, on entre dans l’univers de cette version de Washington, où l’on en devient presque diégétique.
Une série à dévorer sans plus attendre, tellement la qualité de tout ce qui la compose rayonne à l’écran.