Le tournage agencé cette fois-ci sur deux longues années, les Soprano sont de retour, toujours aussi convaincants. Malgré divers bouleversements dans la Showroom de David Chase, l’esprit doré qui définissait le bijou d’HBO jusqu’alors est toujours intact, toujours aussi vif. Tournant depuis ses origines à plein régime, la série démontre tout de même ici, tout au long de cette quatrième saison et malgré des coups d’éclats somptueux, quelques essoufflements discrets. Là n’est pas forcément un défaut, simplement une remise à plat de quelques aspects moins captivants ayant été laissés sur le bas-côté jusqu’ici. Si la troisième saison mettait l’accent sur la famille criminelle de Tony, celle-ci s’oriente un poil plus vers sa famille de sang.
Quoiqu’il en soit, les errances de Tony, ses caprices, ses mésaventures ou ses réussites possèdent toujours bel et bien la saveur d’un plat aigre-doux. Parfois admirable d’humanité, le bonhomme, c’est là son atout en tant que personnage, peut devenir en quelques enjambées, un odieux mari infidèle, un gangster sans pitié voire sanguinaire. Le Business, le Business, voilà donc un crédo dont ne peut s’affranchir Tony l’affranchi, Tony le parrain. Explorant toujours plus profondément les diverses facettes du crime organisé italo-américain sur la côte est, David Chase nous fait cette fois l’honneur de démontré les implications illégales des syndicats criminels dans les projets immobiliers, leurs fraudes en tous genres avec les associations d’aide au logement. Des emplois fictifs aux malversations politiques, notamment de par le concours de Ralph, atout de Tony dans cet univers, cette quatrième saison s’implique réellement dans cette voie.
A l’image de ce qui fît la force du show d’HBO jusqu’alors, en dépit d’un rythme parfois lancinant, des moments de grande intensité surgissent de-ci, de-là, souvent pour drastiquement condamné à mort un quelconque protagoniste, ou pour induire une orientation narrative. Oui, chacun des personnages est ici sujet à finir bien malheureusement sa vie dans une sordide et macabre exécution. Mais là encore, c’est le Business. Mais pas toujours. On découvre aussi l’empathie de Tony pour les animaux, son attachement à ces bestiaux qui ne peuvent le comprendre donc le juger. La jument de course, Pie-O-My tient ici un rôle prépondérant tant elle modifiera les choses dans leur globalité.
Aussi passionnante que les précédents années aux cotés des Soprano, cette quatrième saison offre quelques instants de grâce, certains violents d’autres plus sentimentaux, mais, pour rappel, souffre de quelques manques de rythme. Comment concilié sa double vie, comment assumer ses choix moraux? Si durant cette saison, Tony met fin à sa thérapie, pas sûr qu’il ne reviendra pas s’assoir sur le fauteuil du docteur Melfi pour à nouveau nous offrir quelques séquences jubilatoires de psychanalyse mouvementée. Excellent, le quatrième maillon d’un chef d’œuvre. 18/20