Une troisième année consécutive d’excellence pour David Chase et ses Soprano, confirmation si besoin est du statut du chef d’œuvre pour le Show révolutionnaire d’HBO. Initiateur de ce que certains appellent le troisième âge d’or de la télévision, les mafieux de New-Jersey offrent humour, gravité, drame ou encore réflexion sociale, le tout par le biais d’une savante écriture et d’un brillant montage. La réalisation est impeccable, les acteurs aux petits ognons, les divers récits captivants, que demande le peuple? David Chase est véritablement arrivé à maturité au terme de cette troisième saison, ni plus trépidante, ni plus dramatique que les précédente, mais simplement celle qui confirme le succès de la saga télévisuelle, celle qui renforce l’attachement que l’on peut porter à Tony, à son oncle Junior ou tout autre individu sévissant de Newark à Patterson en passant par Belleville.
Le schéma est toujours le même. Tony, avec un tout grand T, navigue entre ses obligations de père, de parrain d’une famille mafieuse et sa condition mentale toujours un brin défaillante. Les faits établis par les deux saisons précédentes sont solides, souvent prétextes aux bons souvenirs, à quelques piqures de rappel comiques, et l’évolution des toute cette fine équipe de truands, en parallèle de leurs famille respectives, s’annonce pour le moins pittoresque. D’avantage encore qu’une simple série télévisuelle ordinaire, soit un feuilleton à enchaînement, David Chase construit son bébé sur une base inédite, celle qu’il qualifie lui-même de mini-films. A chaque épisode le vent tourne. Si Tony reste inéluctablement et heureusement au centre de tous débats, les scénaristes s’efforcent de mettre en scène des épisodes s’intéressant à diverse facette du milieu, lorgnant parfois sur un personnage plutôt qu’un autre. Cela amène quelques facéties jubilatoires telles que le périple de Christopher et Paulie dans l’Enfer Blanc.
Incontestablement fort des personnalités ravageuses qui ont bâtis le show jusqu’alors, David Chase se réinvente et offre en pâture au public un nouveau trouble-fête. Je pense là à Ralph, inqualifiable ordure qui, par la force des choses, monte en grade. Si d’abord tout ce petit monde composait l’univers du mafieux angoissé qu’un Tony, Les Sorpano s’orientent de plus en plus vers un éclatement, laissant d’avantage de champs à des acolytes, des épouses ou des enfants. En somme, du semi One Man Show de la première saison, David Chase est passé à tout un univers, dressant le portrait d’un homme, comme avant, mais aux travers d’une communauté plus participative, plus présente. Le résultat n’en est que meilleur.
Difficile de faire l’impasse sur le charisme épatant de James Gandolfini. Difficile de ne pas se mettre à rire devant les incohérences et l’ignorance de ses mafieux, rois du monde en apparence, mais réellement de tous petits citoyens d’une Amérique qui ne regarde pas ailleurs. Tout simplement jubilatoire, à l’image des réparties de Tonton Junior, à l’image de la mesquinerie de frangine Janice ou encore à l’image de la bêtise de fiston Anthony. Une pure merveille, version 3.0. Et moi, de mon côté, j’enchaîne d’emblée avec la quatrième saison. 19/20