C'est l'histoire d'un mélancolique aux cheveux bouclés qui renonce à coucher avec sa tante.
- Cette critique contient des spoilers -
"Winter has come" et au moment de lancer le dernier générique du dernier épisode de la dernière saison, ma femme et moi nous sommes arrêtés un moment. Cette série a commencé il y a 9ans et est plus qu'un show TV : jamais nous n'avions regardé une série comme celle là. Jamais nous n'avions attendu et entendu la musique d'un générique avec une telle émotion, jamais nous ne nous étions attaché de la sorte à des personnages. C'est la fin d'un monde et je ne veux pas m'étendre sur les déceptions de ces deux dernières saisons qui on évolué vers des films d'actions hollywoodiens : la musique assourdissante vient appuyer les émotions comme dans un mauvais mélo, les scènes d'actions deviennent invraisemblables (la mort de Rhaeagal, le duel de Jaimie qui se balade ensuite avec des plaies de 30cm dans le ventre), des batailles sans queue ni tête, Daenerys qui nous fait du Skywalker (et qui n'éprouve même pas un remord suite au massacre alors qu'elle avait enfermé ses dragons lorsqu'ils avaient tués quelques paysans), des décisions stupides (Tyrion, l'homme le plus intelligent de Westeros en tête), le fan service et les scènes qui se réalisent justement parce qu'on les attend (Clegane VS le Hound, Jorah qui meure dans les bras de Daenerys)... La liste est longue et l'épisode 7 de la saison 8 a été un supplice à regarder jusqu'au bout. Je n'étais pas pour un happy ending. A vrai dire je le redoutais. J'étais par contre pour un final qui avait du sens, qui respectait la cohérence des scènes et des personnages. Car a contrario le Game Of Thrones dont je veux me souvenir c'était ça : des relations complexes entre des personnages nuancés, des intrigues multiples qui se construisent autour de plans logiques que des aléas souvent issus d'autres intrigues tout aussi crédibles venaient détruire de façon tragique. Des personnages qui évoluent quand d'autres sont sacrifiés comme on ne l'avait jamais vu dans le cinéma de divertissement. Dès l'épisode 9 de la saison 1 on a réalisé que le suspense de cette série serait unique : tout est crédible, tout est possible. On s'est attaché à plus de personnages que l'on ne l'avait jamais fait avant, on s'est investi pour comprendre la complexité de ce monde en regardant des résumés, en se rappelant les noms, les réactions, les endroits et les événements et on s'est surpris à comprendre que là était le chef d'oeuvre de Game Of Thrones : la cohérence de son monde. On a vu des processus d'engagement qui acculent des personnages "bons" à des actes fous (le sacrifice de Shireen par Stannis). On a exploré l'âme humaine dans toute ses composantes depuis l'innocence et la candeur de Sansa jusqu'aux pires psychopathes. On s'est rendu compte qu'on avait aussi un peu de Bolton en nous alors que l'on assistait à sa mort sans ressentir aucune empathie. On a joui de dialogues ciselés, drôles, conquérants, jubilatoires avec un Tyrion Lannister devenu culte. On a assisté à des intrigues développées pendant des heures, achevées de façon aussi absurde que la vie. On a vu le plus grand secret de GOT (les origines de Snow) revélé par un personnage au rôle politique inexistant (Gilly). On a vu que dans ce monde moyenâgeux les femmes peuvent être aussi puissantes que des hommes. On s'est amusé de voir les hommes les plus charismatiques se faire tuer de la façon la plus ridicule (Tywin). On a investi un monde d'Heroic Fantasy aux costumes, décors et créatures sublimes. On a senti l'odeur du feu puis du sel alors que Daenerys émergeait des cendres avec ses dragons avant de prendre enfin la mer vers Westeros... cinq ans plus tard. On a ressenti des choses pendant des épisodes et des épisodes sans qu'elles ne disent leur nom avant d'éclater avec panache (L'épique speech de Tyrion à son procès). On était là lorsque des moments cultes (the Red Wedding), des spectacles uniques (The long night, The battle of the bastards) et des memes se sont créés (Ned's beheading, "you know nothing..."). On a pleuré en comprenant le nom d'Hodor. On a jouis de ces scènes contemplatives, dépourvues d'action sublimés par des plans travaillés. On a pris des claques, on est revenu en reprendre et c'était bien. Maintenant c'est fini, Merci. On gardera encore en tête un moment, cette musique lancinante "And who are you, the proud lord said, that I must bow so low? Only a cat of a different coat, that's all the truth I know. In a coat of gold or a coat of red, a lion still has claws, And mine are long and sharp, my lord, as long and sharp as yours. And so he spoke, and so he spoke, that lord of Castamere,"