La série concept qui a révolutionné le genre dès sa génialissime 1ere saison en imposant de nouvelles règles de mise en scène et d’écriture qui ont influencé aussi bien la télévision que le cinéma. Impossible désormais de se contenter du rythme plan-plan des séries policières d’antan. Place à une mise en scène nerveuse (initiée par Stephen Hopkins, réalisateur des 1ers épisodes), à une utilisation pertinente du split screen et à une BO omniprésente (un grand Sean Callery) sans oublier la grande innovation de la série : une narration en temps réel, chaque saison durant 24 heures (écrans pub compris). Outre cette révolution formelle, "24" bénéficie également de la présence d’un des héros les plus cultes de la culture populaire moderne, l’agent Jack Bauer (campé par le revenant Kiefer Sutherland qui ressuscitait sa carrière), agent du CAT de Los Angeles tête brulée et adepte des méthodes expéditives, qui en prend plein la gueule à longueurs de saison sans que son patriotisme ne faiblisse. Son dévouement, son jusqu’auboutisme mais également sa vie privée compliquée en ont fait un personnage à la fois attachant et terriblement fun (on attend toujours avec un plaisir coupable que Bauer passe à l’action). Mais Jack Bauer n’aurait pas autant l’occasion de briller sans la présence autour de lui de 2nds rôles exceptionnels tels que la traitresse Nina Mayers (Sarah Clarke), le courageux George Mason (Xander Berkeley), la détestable Sherry Palmer (Penny Johnson Gerald), le conseiller Mike Novic (Jude Cicollela), l’amusante Chloé (Mary Lynn Rajskub), le flegmatique Bill Buchanan (James Morrison) ou l’exécrable mais tellement humain Président Logan (Gregory Itzin). Mais mes 2 favoris restent l’excellent Tony Almeida (Carlos Bernard), agent de la CAT pendant 5 saison puis méchant de la 7e saison ainsi que le charismatique Président David Palmer (Dennis Haysbert), parfaite représentation du chef d’Etat américain démocrate et surtout symbole fort du courage des scénaristes qui ont imposé un Président noir au public américain 8 ans avant l’élection d’Obama. Je n’en dirai pas autant de la fille de Bauer, Kim (Elisha Cuthbert) qui mérite sa place au Panthéon des personnages les plus insupportables de la télévision (fille gâtée, pleurnicheuse, ingrate, tout le temps enlevée...). La série est également discutable dans sa légitimation de la torture (dont Jack fait un usage immodérée). Mais, au vu des sujets traités (le terrorisme, la raison d’Etat...), était-il vraiment possible de faire l’économie de ces scènes sans faire dans l’aseptisé ? D’ailleurs, Bauer ne se complait pas dans le rôle du tortionnaire (voir ses réactions post-interrogatoires) et subit lui-même des actes de torture sévères. Et puis, la richesse des intrigues tranche singulièrement avec les scénarios prévisibles auquel la télé nous avait habitués. Pas une saison de 24 sans traître infiltré, sans rebondissement en pagaille et autres révélations fracassantes. Et que dire des scènes d’action époustouflantes (l’attaque de la CAT, le crash d’Air Force One, l’assaut de la Maison Blanche...) et des séquences traumatisantes (la terrible saison 5 et les morts pourtant inenvisageables de Palmer, Michelle et Tony... enfin pas vraiment pour ce dernier), auxquelles les spectateurs ont eu droit pendant 8 saisons ? Un point noir néanmoins : une 6e saison de sinistre mémoire qui a cependant permis aux producteurs de redonner un 2nd souffle au show en déménageant à Washington puis à New-York. Reste une série culte et sans hésitation la plus grande série d’action américaine.