S’il apparaît difficile, 14 ans après, de revenir juger une série télévisée, pour des raisons évidentes d’évolution du type de support, The Shield n’en demeure pas moins une référence en la matière, à bien des égards. 2002, année ou HBO écrasait littéralement la concurrence avec ses prestigieuses The Sopranos et The Wire, une chaîne naissante, FX, aujourd’hui l’un des leaders du câble américain, un showrunner de tempérament, Shawn Ryan, se lançaient dans le grand bain du soap policier version moderne et sans limites. S’éloignant des stéréotypes sirupeux faisant des inspecteurs et autres agents de police des protecteurs bienveillants enchaînant les exploits, The Shield nous plonge immédiatement dans le quotidien d’un flic véreux, d’une ordure peu scrupuleuse, anti-héros savoureux évoluant dans un univers de crime et de brutalité, côtoyant collègues en tous genres, moraux ou pas, gangsters paumés et autres joyeux drilles des bas-fonds de Los Angeles.
En treize petits épisodes à l’efficacité impressionnante, le rythme étant soutenu, les intrigues mixtes et soignées, Vic Mackey devient l’un des ténors du câble, un personnage savamment ambigu, à la fois détestable et attachant. Le personnage, incarné par un tout bon Michael Chiklis, gravite au centre d’un microcosme complexe de policiers désabusés, valeureux, de truands notoires. Vic Mackey est certes le centre d’intérêt de la série, mais les scénaristes ne s’y arrêteront pas perpétuellement. En parallèle des évènements principaux, la série fait état de toutes une panoplie d’enquêtes annexes, menées soit par un tandem d’inspecteurs attachants, soit par deux agents en uniformes. Chaque écarts est passionnant et mieux encore, parfois la futilité, la banalité du travail de ces policiers croisent le chemin de Vic et de son team de choc. Manière, donc, pour les scénaristes, de faire s’entrechoquer le quotidien et l’extraordinaire pluie d’évènements crapuleux orchestrés par notre ami peu respectable.
Vous l’aurez compris, The Shield, bien que ne pouvant pas rivaliser avec le réalisme de The Wire, s’emploie dès sa première saison à dynamiter les codes de la série policières, ou, plus malin encore, à les utiliser à son avantage. La série, immédiatement controversée, offrira déjà des moments de bravoure et de tension rarement égalés à la télévision, le faisant au surplus toujours intelligemment. Autant dire que cette brillante première saison n’est qu’un avant-goût. Avis aux amateurs. 17/20