The Shield, ou comment Shawn Ryan est parvenu à nous faire idolâtrer pendant sept saisons un des personnages des plus pourris et des plus détestables que l’on n’ait jamais vu sur le petit écran. La série s’inspire de l’affaire du quartier du Rempart, l’un des plus chauds de Los Angeles, où des policiers ont profité de leur statut pour organiser un trafic sous-jacent à ceux déjà en place au sein des différents Gangs. L’action se déroule à Farmington, quartier fictif similaire à celui du Rempart, ou l’inspecteur Vic MacKey à la tête de la « strike team » composée de Shane, Lem et Ronnie, n’hésite pas à user de méthodes peu orthodoxes pour maîtriser les tensions entre les différents gangs. L’idée étant de tolérer les « petits trafics » afin d’éviter les plus gros…le tout en touchant évidemment des pots de vin et ainsi se garantir à lui et son équipe une jolie petite retraite. La série va se construire en nous présentant tout d’abord la manière dont cette brigade de choc met en place ses activités « noires », au nez et à la barbe de leur collègues intègres, jusqu’à son apogée en fin de saison 2. Puis, la descente aux enfers va commencer petit à petit pour se conclure vers un châtiment inéluctable. Les sept saisons se succèdent à un rythme soutenu, malgré les pertes de vitesse que représentent la quatrième que Glenn Close ne sauvera pas et la sixième un peu trop transitoire. La cinquième saison étant de loin la meilleure, c’est certainement la plus travaillée en terme de tension grâce notamment à l’exceptionnelle prestation de Forest Whitaker en agent des affaires internes. La force de The Shield tient dans le travail apporté à la conclusion de chacune des saisons, le but étant, comme pour l’épisode pilote, de finir sur un plan ou sur une séquence choc laissant le spectateur pantois (les saisons 1, 2,5 et 7 excellent à ce niveau). Les scènes d’actions filmées « caméra au poing », dynamisant l’aspect immersif, sont également un point fort, tout comme la violence dépeinte au quotidien. Mais l’atout majeur de la série reste avant tout ses personnages ; et notamment celui ce Vic, dont l’aspect psychologique est particulièrement bien torturé. Capable de gestes d’une grande humanité, mais aussi capable de se comporter en véritable ordure, c’est un personnage des plus contradictoires et des plus charismatiques jamais créé. L’interprétation efficace de Mickael Chiklis lui donne encore plus de crédibilité. Le rôle de Shane est tout aussi bouleversant, son attitude extrême cache en réalité un mental fragile mis à nu avec l’arrivée de Mara, véritable détonateur du déclin de la brigade de choc. Enfin, à l’opposé de ces deux protagonistes, on trouve l’inspecteur Dutch Wagenbach, flic intègre et talentueux, mais véritable souffre douleur du « bercail », qui montera en puissance au fur et à mesure. C’est en grande partie grâce à lui que les intrigues secondaires tiendront la barre tout comme les personnages clés tels que Claudette, Aceveda, Dany ou Julian. Shawn Ryan va orchestrer de main de maître tout ce petit monde jusqu’à une fin en apothéose ou chacun subira les conséquences de ces actes. Si le soin apporté à ces conclusions est remarquable, celle de Vic est particulièrement bien réussie,
elle se passe dans un silence tragique, laissant un personnage seul avec ses propres démons, découvert aux yeux de tous, mais surtout semblant toujours contenir une noirceur omniprésente.