On ne peut le nier, The Shield fait partie de ces grandes séries, celles que l’on voit se terminer avec un sentiment de tristesse et d’abandon.
C’est que l’on s’y était attaché à ce sacré Vic, père viril de substitution pour la Strike team et pour le spectateur. Ce gars est en quelque sorte Hercule, un demi-dieu, capable de tous les exploits, craint et vénéré en même temps. Il est une force d’attraction qui détruit tout sur son passage, amis ou ennemis. The Shield, le bouclier, c’est bel et bien lui, lui qui protège la société des « bad guys » comme aiment à les appeler nos amis yankee, quitte à en devenir un lui-même. Outre sa force herculéenne, il est pratiquement omniscient et ubiquiste. Il est partout, et a toujours un coup d’avance sur les obstacles qui se dressent en cascade devant lui.
Peu de temps morts au cours de ces sept saisons. Le rythme est effréné, tendu, à l’image de sa réalisation saccadée, avec de rares moments de répits qui ne sont que des faux-plats avant la descente, vertigineuse.
D’ailleurs toutes les saisons se valent globalement, chacune apportant leur lot d’emmerdes et de tension à notre Strike Team. Car oui, c’est un peu la notre cette équipe, que Shawn Ryan nous fait aimer, avec ses défauts et ses qualités, comme une famille, avec cet oncle raciste (Shane), ce frère à la dégaine cool (Lem), ce cousin à la tête sur les épaules (Ronnie), et ce véritable pater familias, ce godfather qu’est Vic.
Tout n’est pas parfait cependant (mais la perfection n’est pas de ce monde).
On regrettera peut-être une certaine facilité dans le déroulement et la conclusion des enquêtes policières, qui sont en générale bouclées en un épisode, souvent grâce à l’action décisive de Vic et de sa team.
Il y a également quelques incohérences ou facilités dans le traitement des personnages et des relations qu’il tissent entre eux: comme dans la saison 4 où Shane, après avoir été mis à l’écart du groupe revient en sympathie assez facilement, ou encore Pezuela présenté comme un éternel chef de chantier, alors qu’il est tout de même un baron de la mafia mexicaine.
Dommage également que certains personnages (Gardocki, Lem ou Dutch par exemple) n’ai pas été plus développés, que d’autres ai été quelques peu oubliés en chemin (Julien) au profit d’arc narratif totalement dispensable, comme celui de la famille de Vic, assez barbant, à la fois en raison de la qualité de leurs interprètes, et du peu d’intérêt de leurs interactions qui n’ont gère évolué en 88 épisodes, Corinne passant son temps à se plaindre, et Vic à tenter de se rattraper.
Mais finalement ce qui aura le plus manqué peut-être, ce sont toutes ces fêlures, ces atermoiements, ces doutes, que Vic aurait pu avoir et qu’il n’a pas, faisant de lui un bloc trop monolithique, trop démiurge et trop peu humain en fin ce compte.
04/2017