Suite à une avant-première remarquée et plusieurs semaines de promotion, Borgia commence ce soir sur Canal Plus : le coup de départ d’une première saison de 12 épisodes (56 minutes). Le scénariste de la série Oz revient et nous offre une saga historique, un genre qui semble dans l’air du temps, après notamment un passage remarqué des séries Rome et Les Tudors.
Série française, mais tournée en anglais, avec un casting effectué dans toute l’Europe, Borgia se veut le témoin d’un Vatican corrompu à la fin du 15ème siècle. Alors que l’Italie est un des berceaux de la Renaissance, mère de Leonard de Vinci et Michel Ange, la violence est omniprésente et trois riches familles se disputent en particulier le pouvoir à Rome : Les Colonna, Les Orsini, et les Borgia. Cette dernière, au vu de sa réputation a posteriori (Rodrigo Borgia, acteur tristement connu d’une période sanglante qui le mènera au titre de Pape Alexandra VI, ou encore Lucrèce Borgia, femme fatale dans les deux sens du terme), nous promet une série lourde en complots et magouilles en tous genres (et en vols, parce que les Papes pillent) (hu hu) (ok je sors).
Encore une blague pourrie et je t'excommunie.
La série débute avec un Pape Innocent VIII grièvement malade, et dans un univers où les cardinaux sont nommés à 16 ans moyennant arrangements financiers et où les religieux prennent des femmes mariées de 20 ans pour maîtresses, la bataille pour la succession fera de nombreux ravages. D’ailleurs, les deux premiers épisodes de la série donnent clairement le ton (c’est un peu violent et olé olé ma bonne dame). Tom Fontana l’affirme lui-même : l’histoire de l’Eglise catholique n’a pas toujours été un modèle de sainteté, loin de là :
Autant de récits épiques débordant de sexe et de violence, d’hommes et de femmes honnêtes ayant subi décapitations, tentatives de viol, infanticides, massacres, tortures (pardon, je devrais dire “techniques d’interrogation améliorées“), humiliations, séparations familiales, mort sur les bûchers et, à l’instar du charpentier de Galilée pour lequel leur sang a coulé, crucifixions.
Et puis il y a les papes.
Si avec ça on n’est pas prévenus… quant aux Borgia, il semblerait que le mythe se soit substitué à la réalité à mesure des retranscriptions, et la série se targue de vouloir aborder cette parcelle d’authenticité :
Un scénariste de télévision, lui, s’ingéniant à démêler la véritable histoire des Borgia de sa légende nébuleuse, préférera se détacher des ouvrages publiés au cours des siècles précédents pour se plonger dans les écrits datant du règne du pape Alexandre VI.
A cela s’ajoutent les intrigues personnelles de chacun des “héros” (notamment : comment la douce et chaste Lucrèce deviendra-t-elle cette femme sulfureuse à la réputation empoisonnée ?) qui feront leur office d’attache émotionnelle pour le téléspectateur.
Personnellement, j’ai apprécié l’univers de la série (décors, costumes), ainsi que son casting (l’on retrouve des acteurs de The Wire (John Doman), Games of Thrones (John Bradley) ou Le premier jour du reste de ta vie (Stanley Weber)). Le physique particulier et très reconnaissable de Mark Ryder confère beaucoup de force et de charme à son personnage. J’espère simplement que le concept racoleur (sexe, violence et religion) ne cannibalisera pas la qualité scénaristique. D’autre part, Tom Fontana se lance dans un pari risqué en prêtant à des personnages d’époque un langage assez contemporain.
Petite anecdote : Showtime a tourné en parallèle une série intitulée The Borgias traitant bien évidemment de la même époque. Les deux équipes se sont échangé les scripts afin de constater qu’ils différaient assez pour ne pas fusionner les deux productions, mais celle de Tom Fontana risque de rencontrer des difficultés de diffusion ou d’appréciation outre-Atlantique (surtout au vu de la violence ou sexualisation de certaines scènes qui risquent de choquer l’Amérique puritaine).
12 épisodes sont prévus pour la première saison, avec un budget assez conséquent de 25 millions d’euros. Je mets 7 en attendant de voir ce que cela donnera et mettrai à jour en conséquence, mais la série a du potentiel !