Community c'est comme une sucrerie. Ça s'avale rapidement et on ne s'en lasse jamais. La métaphore pourrait paraître pataude, symptomatique du manque d'inspirations qui va avec la bronzette du début du mois de juin. Et pourtant, on ne s'est jamais senti aussi enfantin, heureux et apaisé, que devant cette série créée par Dan Harmon. Car avant d'être des réalisateurs, des scénaristes, des acteurs, tous ceux qui font vivre le cinéma sont tous des rêveurs. Il n'y a pas meilleur rêveur qu'un enfant, et le projet de Community se dévoile clairement comme le rêve d'un gosse. Celui de rassembler tout ce qui nous a marqué, tout ce qui nous marque, dans un délire audacieux de recréer nos rêves. Si les scénaristes parviennent à digresser avec autant de talent les règles de la série télé c'est parce qu'ils les connaissent sur le bout des doigts, ces règles.
Tout cela doit sembler assez vague pour un strict inconnu qui s'aventurerait à lire l'analyse d'une série d'un autre strict inconnu. Mais c'est avant tout car la série doit s'apprécier et se déguster avec innocence et insouciance, et moins on en sait avant de la voir, mieux on se porte. Mais comme il faut tout de même dire pourquoi cette série se détache et se démarque des séries comiques du moment qui ont tendance à s'essouffler (Big Bang Theory dans le viseur, How I Met Your Mother fusillée), je vais y aller :
Outre les diverses références (qu'on remarque ou non) à la vie cinématographique, Community est l'unique série à se permettre une roue-libre totale dans son cheminement, allant du cartoon au jeu vidéo en passant par le documentaire, le western ou le film de guerre. Tout ceci en restant cohérente de bout en bout, délivrant toujours cette jouissance caractéristique qui est celle de mélanger un scénario solide à une audace perpétuelle et un aspect formel en constante mouvance. C'est un véritable bonheur que de commencer un épisode en ne sachant pas du tout ce que l'on s'apprête à voir. Certes cela peut créer une hétérogénéité du niveau des épisodes, mais qu'importe, les trois saisons avalées, on en ressort avec un sourire figé et des étoiles plein les yeux. Comme une drogue qui nous emmène au plus profond de notre imaginaire pour partager avec ces personnages les folies inattendues de Greendale.
Greendale et ses bancs desséchés, ces étudiants sécheurs, ce doyen fantasque (incarné par le génialissime Jim Rash), ces professeurs venus d'un autre monde et ce groupe d'étude unique. Cette communauté qui vibre aux sons des annonces, au cœur d'histoires toutes aussi improbables les unes que les autres. Car en dehors du fait de s'attacher aux qualités d'ores et déjà évoquées, on s'attache avant tout à ce panel de personnages, à ces sept fantastiques, hilarants, touchants, transformant les définitions de la solidarité et de la fratrie de mots poussiéreux en moments prodigieux. Un côté féérique, des épisodes qui alternent entre réalisme sociale et envolées épiques pour donner lieu à une série qui si elle n'avait pas existé aurait parue utopique tant elle est idéale. Le partage entre créateurs et spectateurs a rarement été aussi sain, enthousiaste et plaisant. On n'en ressort comblé et on ne peut que demander à en voir plus...
Greendale is where I belong...