Si c’est la première fois que je prends la peine de rédiger une chronique sur cette série, j’en suis pourtant un fan inconditionnel depuis son tout début, en 2005. J’ai, dès le départ, été happé par le sens de la narration et cette façon unique de décortiquer notre système judiciaire. J’ai suivi chaque nouvelle saison avec un intérêt grandissant, m’attachant de plus en plus aux personnages principaux et/ou secondaires. Cela étant dû aussi bien à la qualité des intrigues, que de la progression des personnages, mais surtout à celle de l’interprétation. Dire que le casting était idéal est sans doute quelque peu démago, et pourtant, comment imaginer d’autres acteurs dans la peau de Laure, Gilou, Pierre ou Tintin, et ce dès le terme du premier segment ?
Vous l’aurez compris, la fin étant annoncée avant la diffusion de cette huitième saison, mon attente était à la hauteur de l’exigence dont avaient fait preuve les équipes créatives, artistiques et techniques jusqu’à présent.
Mais je ne pouvais m’empêcher d’être sceptique, car la précédente s’était clôturée de façon spectaculaire, logique et implacable. Je pensais donc que, peut-être, je m’engageais sur le chemin de la saison de trop. En admettant tout de même que l’arc narratif de Gilou (Thierry GODARD) et de sa relation avec Laure (Caroline PROUST) n’était pas totalement conclu. Il en était de même pour Joséphine (Audrey FLEUROT), qui avait besoin de se trouver après les épreuves subies précédemment. Il y avait vraiment de la matière, mais, malgré tout, je craignais ce baroud d’honneur.
La direction de la précédente saison, et de sa conclusion, était clairement celle de la tragédie. Allions-nous nous enfoncer dans ce gouffre et glisser dans un segment noir de noir ? Chaque personnage restant dans ce dernier volet est donc, en début de course, prêt à glisser d’une façon ou d’une autre du côté obscur de la vie, encore sous le choc des évènements de la saison précédente, celle-ci se déroulant quasiment dans la foulée.
Cette saison 8 permet, une fois n’est pas coutume, d’aborder un sujet de société (les enfants migrants en situation irrégulière et délinquants), relié à une criminalité plus « traditionnelle ». Les deux affaires se rejoignant, les personnages seront encore et toujours inextricablement (re)liés. Comme d’habitude, nous suivons les personnages au plus près et la quête de véracité, encore plus que de vraisemblance, rend cette enquête palpitante. Mais les personnages ne sont pas oubliés ou éclipsés par les méandres judiciaires et évoluent au fur et à mesure de l’intrigue, pour ne pas dire qu’ils l’impactent véritablement, pour la troisième ou quatrième saison consécutivement.
Et puis vient la fin, la conclusion, le climax de 15 ans à suivre des êtres humains qui errent dans leurs vies et leurs métiers. Lorsque je l’ai prise en pleine face, je suis resté sur ma faim. Puis, vint l’après et sa réflexion, plus que le sentiment de fin, de m’être séparé de vieux amis que je ne verrai plus. Contrairement à ce l’on aurait pu penser (attendre ?), les auteurs ont catégoriquement refusé le spectaculaire et la noirceur. Ils ont choisi la lumière. Car, si tout ne se termine pas au mieux pour les différents protagonistes, on en ressort plein d’espoir et tournés vers l’avenir. Ce qui peut paraître contradictoire pour une série souvent si sombre, que ce soit dans les thèmes abordés ou le devenir des personnages. Une fin globalement positive était finalement la plus belle surprise qu’ils pouvaient nous faire et ils l’ont osée ! Malgré cette orientation, les personnages et leurs destins vont au bout de leur logique. C’est aussi là la marque des grandes séries : chaque personnage finit comme, et là où, il doit finir. Ceci est également une preuve de courage de la part des scénaristes, car il est souvent facile de céder au « happy end » ou au fan service.
Et maintenant, que vais-je faire ? Eh bien, commencer par revoir la dernière saison et peut-être réattaquer l’ensemble de la bête afin de l’apprécier dans son ensemble, mais cette fois, en connaissant vraiment la fin.