Woh ! Est-ce grâce aux quatre années d’expérience engrangées par Canal+ depuis la saison 1 ? Est-ce lié à l’arrivée dans les affaires de la BBC Four ? En tout cas, cette saison 2 d’ « Engrenages » opère un sacré gap qualitatif par rapport à son prédécesseur. Encore une fois, ceux qui ont lu ma critique de la saison 1 s’étonneront que je m’attarde à ce point sur des questions formelles, mais pour moi, pour cette série là, ça fait une sacrée différence. La caméra bouge moins, la photographie est davantage maitrisé, le tri a aussi été fait dans les thèmes musicaux et – surtout – l’écriture, notamment celle des dialogues – est tout de même bien plus percutante et efficace que dans la précédente saison. Du coup, j’ai eu l’impression que cette saison 2 était une sorte de version rodée de la série. Tout marche mieux : même les acteurs semblent se retrouver bien mieux dans leurs personnages (même Gregory Fitoussi en deviendrait presque convaincant : c’est dire !) Et pour le coup, là enfin, cette série mérite son titre de « série qui explore le système judiciaire français). Ça sonne moins faux. On a clairement fait le ménage dans toutes ces affaires affreusement caricaturales que nous ressortait régulièrement la saison 1 de son chapeau à clichés (on en retrouve encore un peu, mais bon), et surtout, la série semble clairement avoir assumé un virage plus social et critique du milieu dont elle parle et des mécaniques politico-judiciaire qu’elle aborde. Ce n’est pas compliqué, quelques scènes semblent clairement démontrer une inspiration directe auprès de « The Wire » (je pense notamment à la filature qui dérape à la fin de l’épisode 1 ou à la surveillance en cité qui dérape au cours de l’épisode 3 et 4), et même si « Engrenages » n’atteint clairement pas le niveau du maître, au moins a-t-il appris à bonne école. Alors après, je dois bien le reconnaître, cette saison n’est pas parvenu, me concernant à m’enlever totalement (trop classique peut-être) mais au moins elle a su me tenir en haleine, ce qui est déjà loin d’être désagréable. C’est qu’au moins, à s’intéresser au système français, aux dérives à la française, la série est parvenue à se développer une identité propre et une personnalité qu’elle n’avait pas réussi à se construire en singeant bêtement les Américains lors de la saison précédente. Mais cette saison était indéniablement sur la bonne voie, au point même que j’en ai regretté cette conclusion que j’ai trouvée manquée par rapport au reste, avec notamment un épisode final totalement baclé (…parce que bon, en gros, les cinq dernières minutes c’est un peu :
« Mais où est Sami ? – Oh mon dieu un frère Larbi en tue l’autre ! – Eh mais Sami est là ! Ouf Sami est sauf ! » Soulagement général et générique de fin dans la foulée ! Emballez ! C’est plié !
), si bien que je me suis dit que la série avait encore du chemin à faire. Mais après tout, tant mieux ! Vu l’évolution opérée entre les deux premières saisons, je ne peux qu’attendre avec impatience de découvrir la saison 3 !