Une seconde saison bien décevante en comparaison avec la première. Beaucoup trop d'écarts avec les faits historiques ont été entrepris, à tel point que la série n'est ni aussi passionante ni aussi instructive dans cette seconde saison. On avait reproché à la saison 1 de mettre l'accent sur le côté sexuel de la société romaine, mais ça ne m'avait pas vraiment frappé. En revanche, pour cette seconde saison, le côté érotique devient omniprésent et envahissant, à tel point que les personnages sont désincarnés à force de frasques sexuelles improbables. Atia reste la même nymphomane de la saison 1, Marc Antoine devient un pervers priapique, et Octave est pris de pulsions masoschistes. Deux liaisons gâchent incontestablement la série: celle entre Agrippa (l'officier d'Octave) et Octavia, improbable, et, plus encore, celle entre Atia et Marc Antoine, qui commence à devenir grotesque. Outre leur côté sexuel, les nouveaux protagonistes n'offrent qu'une faible compensation au personnage charismatique qu'était le César de la saison 1. Marc Antoine a du se retourner dans sa tombe quand il a aperçu son double dans la série: libidineux et jouisseur comme on vient de le dire, mais aussi cruel, machiavélique, cynique, insolent, et immoral. Autant de caractéristiques complètement étrangères au Marc Antoine historique, qui était certes ambitieux mais aussi mesuré et sage. De plus Antoine est dépeint comme se moquant royalement de la politique, alors que son homonyme historique était un homme de principes et de convictions. Il était temps que l'acteur change pour Octave, (pas que celui de la saison 1 soit mauvais, mais il paraissait beaucoup trop jeune). Le nouvel acteur, qui affiche un regard vitreux à la limite du ridicule, campe pourtant un personnage peu réussi, avec une froideur et une insensibilité peu crédibles (Octave était certes calculateur et intelligent, mais c'était aussi quelqu'un de profondément humain). Cléopâtre est le seul personnage historique à tirer son épingle du jeu, la reine d'Egypte est montrée dans toute son ambiguïté, à la fois intelligente et machiavélique. Notons aussi le charismatique Brutus, qui apporte une certaine profondeur aux premiers épisodes. Quand à Pullo et Vorénus, leur duo reste attachant, même si on suit leurs aventures avec moins de plaisir qu'auparavant. Bref, les personnages sont non seulement moins fidèles à leur original historique, mais en plus moins charismatiques que dans la saison 1: il est donc normal que la série diminue en qualité. Le scénario s'en tire pourtant honorablement: toujours ces mêmes répliques foudroyantes, ces rebondissements plaisants, ces meurtres sanglants, ces complots diabloques et bien sûr ces histoires de fesses. Inutile de dire que, si c'est moins passionnant, cette saison 2 se regarde néanmoins avec beaucoup de plaisir. D'autant qu'elle contient de très bons moments: la bataille de Pharsale, reconstitution réaliste de ce que devait être le terrible et impressionnant spectacle d'une bataille antique (dommage que ce soit la seule bataille de la série), ou la mort de Cléopâtre, mêlant plaisamment mythe et réalisme. La série se fait particulièrement savoureuse lorsque les personnages fictifs entrent en contact avec les figures historiques: ainsi l'assassin de Cicéron était TItus Pullo, et une belle surprise est réservée pour le personnage de Césarion. Dommage que la série s'écarte à ce point des faits historiques! La bagarre entre Marc Antoine et le jeune Octave sous les yeux d'Atia dans un des premiers épisodes est une scène absolument poignante, mais ridiculement absurde tellement elle manque de crédibilité historique. Beaucoup moins intéressante d'un point de vue historique, donc, mais toujours divertissante. Dommage aussi que la série se refuse toujours à prendre une dimension épique. "Tu n'as aucune poésie", dit dans l'un des épisodes Brutus à Cassius, reprochant à son ami de ne pas prendre en considération le fait qu'ils étaient en train de sauver la République. Les scénaristes de Rome n'ont, eux non plus, aucune poésie. Série extrêmement enrichissante et attachante lors de la saison 1, Rome reste une série divertissante et prenante lors de cette seconde saison.