LA série historique. LA série tout court, d'ailleurs. Franchement avouons le: le monde du petit écran propose rarement quelque chsoe de mémorable. Toutes les séries de nos jours (les experts, NCIS, Dexter, Mentalist, etc etc...) sont non seulement rarement vraiment divertissantes ou de qualité mais laissent en plus le spectateur aussi con et inculte au générique de fin qu'il ne l'était avant de voir l'épisode. Rome fait exception à la règle. La chaîne HBO, productrice de la série, est connue pour le caractère libertaire et subvsersif de ses séries. En effet, difficile de trouver une série plus subversive que Rome. Finit les clichés, le déroulement conventionnel et le puritanisme des séries auxquelles vous êtes habituées. Cette première saison (la meilleure) suit les destins étroitement liés de grands personnages historiques aussi bien que de gens du peuple en grande parti fictifs. Ce qui a fait la réputation de cette série, c'est son exactitude historique. En effet, tout ce qui se déroule dedans s'est ou réellement passé, ou plutôt aurait pu réellement arriver. Rien n'est improbable, chaque plan, chaque réplique est le fruit d'une recherche historique méticuleuse. La série tranche brutalement avec le genre péplum sur le plan visuel: pas (ou très peu) de scènes d'actions ni de grosses batailles, ni de costumes resplendissants et encore moins de décors pharaoniques. Rome est présentée comme une ville aux ruelles salles et aux habitations sombres. Les aventures des personnages historiques sont bien retranscrites: la guerre entre Pompée et César, les péripéties en Egypte... La série nous donne un aperçu brillant de ce qu'était la situation politique de l'époque, partagée entre les patriciens conservateurs et les plébéiens progressistes, avec des scènes au Sénat excellentes. Le personnage de César en particulier dégage un charisme particulier, et la série nous le fait percevoir dans toute son ambiguïté. Qui était vraiment César? Un progressiste visionnaire ou un ambitieux calculateur prêt à tout pour arriver à ses fins? Tyran? Démocrate? On peut cependant avoir quelques réserves sur les personnages d'Atia et de Cléopatre qui n'étaient certainement pas les nymphomanes perverses que nous présente la série. La vie des classes moyennes est elle aussi remarquablement rendue, avec réalisme et sans clichés. Vorénus et Pullo sont deux soldats mentionnés dans la guerre des Gaules. La série en a fait deux personnages mémorables. L'un vivant selon l'idéal romain, c'est à dire de manière honorable et vertueuse, mais aussi stricte, frugale. L'autre moins scrupuleux (la scène de torture fait froid dans le dos) mais aussi plus humain. Il faut dire que la mentalité des Romains est bien rendue: des hommes vivant avec honneur et principes, mais aussi s'adonnant à des coucheries sans beaucoup de retenues, se souciant très peu de la vie de leurs esclaves et méprisant la valeur d'une vie humaine. Bref c'est du beau travail au niveau historique. Mais on aurait tort de rabattre Rome à une série purement pédagogique. Le scénario est extrêmement travaillé, les dialogues excellents, le suspens devient intense dès le troisième épisode et on s'attache dès le début aux personnages. Entre complots politiques, portraits psychologiques et scènes intimistes, la série devient vite extrêmement passionnante, voire même poignante. Après elle n'est pas sans défaut. Pour moi le principal est de ne pas rester au plus près des récits historiques quand à la vie des personnages. Si dans l'ensemble elles sont fidèles à la réalité, la série n'inclut aucune "phrase" historique qu'aurait prononcée l'un de ces personnages (Alea jacta est, ect...). De même, la série insiste beaucoup sur l'aspect sexuel de l'époque. D'un côté, ça permet de rendre la mentalité romaine dans son intégrité: le sexe n'est pas un tabou dans la série comme il ne l'était pas à Rome. De l'autre, ça fausse certains personnages et ça crée des fils conducteurs peu prenants. Une chose est sûre: ne regardez pas cette série en famille. Dans la panoplie des regrets, on citera aussi un manque de "gros" décors (autant les rues de Rome étaient crades et misérables, autant le forum était une place grandiose), un style visuel médiocre (en même temps avec le réalisateur qui change à chaque série...) malgré quelques très rares beaux plans. La série ne prend aucune dimension épique. Pourtant ça n'aurait pas été contraire au réalisme historique: l'histoire de cette époque ETAIT épique! Avec de tels enjeux (la République menacée...) il y aurait eu de quoi faire quelque chose d'homérique. Mais la série a préférée se cantonner au pur non conformisme. Une série passionnante, donc, mais aussi fascinante quand on se dit que cet univers de complots, d'assassinats, de personnages hauts en couleurs et de coucheries a vraiment existé, il y a plus de 2.000 ans...