Last Exile est une série japonaise créée en 2003 par le studio Gonzo, réalisée par Koichi Chigara (Kensin le vagabond). Dans un monde steampunk en proie à la guerre civile entre Anathorey et Dithis, conflit supervisé par une organisation appelée la Guilde, Deux orphelins, Claus Valca et Lavie Head suivent les traces de leurs pères, pilotes et navigateurs de vanship, un engin de vol biplace, et souhaitent traverser le Grand Courant. Membre d’une communauté des messagers volants, ils héritent d’une mission dangereuse, apporter une jeune fille nommée Alvis au capitaine Alex Row du Silverna, et sont embarqués malgré eux dans le conflit qui fait rage à la recherche d’un navire surpuissant nommé l’Exile.
La série a comme bon point d’avoir un bon scénario qui vient compenser une animation qui a assez mal vieilli dans un univers à la fois simple, beau et envoûtant visuellement. Néanmoins, c’est le rythme général qui souffre de ce coup de vieux et pas l’imagerie qui reste très belle. Les personnages sont très attachants et bien construits.
Presque chaque personnage a son unicité, et c’est une bonne chose puisque les personnages récurrents sont assez nombreux et présent à l’image, la plupart de l’action gravitant autour du Silverna. Certains sont mêmes très bien écrits et ont un arc narratif bien à eux qui vient se conjuguer à l’histoire principale. Je pense à Mulland, un soldat qui nous est présenté comme obsédé à l’idée de ne pas mourir et de gagner des médailles pour se la couler douce en obtenant une affectation sans danger pour finir par faire preuve d’héroïsme, à Alex, le capitaine, complétement renfermé par sa position et son rang qui s’ouvre peu à peu, à Tatiana, pilote arrogante qui comprend de la manière dure l’utilité de faire confiance aux autres et de ne pas se comporter en une « sale mégère de vingt-cinq ans », à Lucciola, un garde du corps endoctriné qui apprend à chérir la place que lui donne ses amis au lieu de celle que lui imposent ses « employeurs » (le mot juste ce serait « connards de maitres », mais passons). En fait, il y a tellement d’histoires personnelles qui sont développées en même temps que l’action que l’on en oublie que les trois personnages principaux sont immobiles pendant toute la série.
Alvis est une enfant de douze ans (je crois) qui joue le rôle de mac guffin (objet ou personnage qui lance la quête des héros) de l’histoire et qui est incroyablement mignonne de mignonnerie, ce n’est pas français, je m’en fous, elle est mignonne. Elle joue cependant aussi un rôle de soutien émotionnel et de ressort comique et scénaristique dans l’œuvre.
Lavie est elle aussi plate, dans la mesure où elle termine son aventure comme elle a commencé, prévoyante et intrépide de façade avec une fierté fragile. Pourtant cela ne veut pas dire que le personnage est entièrement figé pendant l’œuvre, car elle est souvent en proie au doute. C’est le personnage le plus intéressant car il passe par plusieurs phases. Elle prend peur plusieurs fois pendant les phases de vols, sa fierté est brisée par ses échecs, elle refuse de manier un vanship dans les batailles car elle considère que ce n’est pas un instrument de guerre, doute de ses capacités de mécanicienne, de son utilité pour Claus et Alvis, et est terriblement jalouse. Je pense que ça aurait fait du bien à l’œuvre de se concentrer un peu plus sur elle de temps en temps plutôt que sur Claus.
Car oui, Claus est le plus problématique de tous. Il est véritablement plat d’un point de vue caractériel, seul ses capacités changent, et encore. Il est même assez fade, c’est le traditionnel personnage doué, déterminé, candide et un peu benêt au niveau des interactions sociales. Bref, un personnage très classique (mais mine de rien, il reste un bon classique). En fait je trouve que l’importance de Claus est même très exagérée par rapport à ce qu’il fait réellement, sachant qu’on le représente comme jouant un rôle prépondérant dans plusieurs épisodes sans qu'il ne fasse vraiment rien ou qu'il n'apporte quelque chose à l’intrigue. Il a même cet aspect détestable de « chick magnet » pour la seule raison qu’il est un peu compétent et mignon (non, je ne suis pas jaloux !), bien que ce soit relativement bien tourné et peu présent. Les défauts du personnage sont bien existants, mais on les ressent finalement peu car les auteurs ont donné un bon coup de poignet et ils s’effacent plus ou moins d’eux-mêmes.
Mention spéciale pour le personnage de Dio, très bien tourné et très bien utilisé, que j'ai personnellement adoré.
Le gros point négatif de la série sera pour moi le cadre géopolitique très mal exploité et mal explicité. C’est peut être juste moi, mais j’ai eu beaucoup de mal à comprendre la guerre. Les rôles sont bien répartis, Anahorey et Dithis se tapent dessus pendant que la Guilde ne fait pas son travail de superviseur, mais les raisons de la guerre, son évolution, l’impact sur les citoyens sont absent durant une bonne moitié de l’œuvre. Cela pourrait être un bon point si les personnages principaux n’étaient pas des acteurs de la guerre. Au début, ce sont de simples messagers, donc c’est normal que l’on soit dans le flou comme eux, mais à partir du moment où ils sont sur le Silverna (4é épisode je crois), ils sont sur le vaisseau le plus puissant et le plus connu du ciel. C’est hautement improbable et déroutant que Claus accepte de se mêler à un combat sans que l’on en connaisse les causes. C’est à partir de ce cet épisode que l’incompréhension de l’univers par le spectateur, qu’il partageait jusque-là avec les personnages, devient un mauvais point. Pour faire simple, il aurait fallu un méchant et un gentil, et ensuite envisager de complexifier la situation (c’est le manichéisme à la Star Wars, un coté clair, un obscur, opposés entre eux, mais poreux). Et comme ils complexifient la situation plusieurs fois, en montrant des renégats d’un côté, des raisons valables de se battre de l’autre, cela aurait d’ailleurs eu plus d’impact en adoptant un point de vue « cliché » du méchant pas content et du gentil gentil.
Légère fausse note, l’opening ne reflète pas assez bien le thème de la série à mon goût.
On termine malheureusement la série sur une note négative car la fin est vraiment précipitée. En fait, l’avant-dernier épisode se termine sur un cliffhanger et l’intrigue est entièrement résolue sur la première moitié du dernier. Cela pose problème car l’histoire elle se termine à la fin du dernier épisode, et le temps manque beaucoup pour montrer ce qu’il y avait à montrer. Le sort de certains personnages restent inconnus, certains personnages reviennent sans prévenir, la situation géopolitique est résolue de manière brouillonne…
Pour conclure, Last Exile est une très bonne série qui a malheureusement vieillie mais dont les bons points rattrapent largement les mauvais, dont certains n’ont d’ailleurs que peu d’importance et qui mérite un bon 15/20.