Les envahisseurs est une série qui s'insère parfaitement dans le contexte de l'époque, c'est à dire la fin des années 60, en pleine guerre froide. D'ailleurs, les envahisseurs peuvent être perçues comme les "rouges" menaçant d'envahir les USA. Cette série n'est cependant pas trop démodée puisque elle traite aussi d'éléments plus humains tel le refoulement des émotions car, en de nombreuses occasions, il est dit que les envahisseurs reprochent aux habitants de la terre de se laisser envahir par leurs émotions. La série est peut être aussi une ode à la liberté des moeurs, à la fraternité. Très proche du Fugitif de par les motivations de ses héros respectifs (fuir et donner des preuves de l'existence des ET), Les envahisseurs ont le sens du rythme et c'est pour cela que ce sont les épisodes à poursuite ou de road movie tels La fugitive, Mission de vie, l'ennemi, Panique et surtout La mutation (un pur chef d'oeuvre) les plus palpitants. La série a un grand sens de la mise en scène (cadrage, photographie -voir les scènes dans le désert-), une musique stridente efficace (Dominique Frontière), l'interprétation est toujours très bonne (voir Suzanne Pleshette) et Roy Thinnes, parfois contesté, s'en sort bien. Les effets spéciaux ont le mérite de la discrétion et vu les moyens techniques de l'époque et financiers, bien réussis (la mort des envahisseurs, leur rayon de la mort, leur vaisseau spatial). Les envahisseurs montrent en de nombreuses occasions une vision en décomposition des USA par l'utilisation de lieux abandonnés, usuellement vecteurs de l'économie ou clés de l'Amérique (usines, bases aériennes) ou des lieux "envahis" de l'intérieur et représentatifs de la société américaine (armée, justice, église, écoles ...). Cette série aborde aussi la racisme, le chômage, la guerre. C'est une série pessimiste où le suspens est permanent. La première saison regorge des meilleurs épisodes, la deuxième montre une baisse sensible de la qualité des scénarios et le fait que David Vincent ait pu composer un groupe de défenseurs (les résistants de la dernière guerre?) n'apporte pas grand chose en diluant l'action. Un chef d'oeuvre qui fait partie de l'histoire de la télévision. Dans la rare littérature française qui lui est dédié, saluons le livre de Didier Liardet aux éditions Yris, complet, à la thématique finement analysé et joliment illustré)