« Dougal, is there anything on your mind ? »
Si la scénographie fait irrémédiablement penser aux vaudevilles populaires, ce que renforcent les agaçants rires préenregistrés, la saga Father Ted vaut surtout pour son côté trash et, of course, un humour typiquement british, oscillant sans cesse entre absurde et humour noir, dans la lignée des Monty Python. Cette série culte, créée par Graham Lineham et Arthur Mathews, est avant tout un huis clos assez improbable, une maison isolée sur un îlot irlandais balayé par les tempêtes, où interagissent trois prêtres (Ted/Dermot Morgan, quarantenaire menteur et tricheur invétéré, Dougal/Ardal O’Hanlon, jeune ingénu très limité, archétype du futur Perceval de Kaamelott, et Jack/Frank Kelly, loque obsédée par le sexe et l’alcool) et une bonne acariâtre, Mrs Doyle/Pauline McLynn, qui surjoue souvent de manière agaçante et stéréotypée, dont l’insistance à faire boire du thé à tout le monde personnifie l’expérience désormais connue sur le consentement. Le génie de la série est de tenir en haleine avec originalité dans un cadre tel que celui-là !
Souvent prévisible mais néanmoins bien amenés, les gags s’enchaînent sur des trames parodiant régulièrement les codes de films (prononcé « filim » avec l’accent de Dougal) de genre. On regrettera seulement qu’à l’inverse de leur autre série en trio à huis clos, Black Books (2000-2004), il faut du temps pour que les personnages deviennent attachants. Il n’en reste pas moins que les délires ont fait le succès de cette série, prélude au renouveau de l’humour british dès la fin des années ’90. Le dernier épisode laisse enfin un goût amer, Dermot Morgan, acteur principal et porteur du projet, étant décédé peu de temps après la fin de la troisième saison.