Ma foi, me voilà agréablement surpris ! Aux vues du titre, je pensais à une banale reprise de l’univers de Sherlock Holmes, et voilà qu’en lançant le premier épisode, je me retrouve en pleine Guerre d’Afghanistan ! What ? Eh oui ! Je ne le savais pas et j’espère que vous le saviez avant de lire cette critique, mais ce « Sherlock » a comme postulat audacieux de reprendre cette célèbre figure du roman policier pour l’intégrer dans notre temps. C’est casse-gueule, mais c’est plutôt réussi, car à mon sens le piège principal est évité. Prendre le personnage de Sherlock Holmes et le mettre dans notre quotidien aurait en effet pu conduire à une simple nouvelle série policière du style « Mentalist » ou « NCIS » mais où le héros s’appellerait « Sherlock ». mais heureusement, il n’en est (presque) rien. Alors certes, la structure des enquêtes est assez classique et le personnage de Sherlock à des allures de Simon Baker capable de décrypter les détails que personne de voit de manière presque magique… Mais bon, non seulement c’est fait quand même avec une certaine astuce, mais surtout c’est fait dans un esprit malicieux de mariage des genres. Certes, on est dans le temps présent, mais les créateurs de la série ont bien veillé à solliciter tout le folklore « Belle époque » de Sherlock Holmes. Ainsi, en naviguant dans Londres en compagnie des amis Sherlock et Watson, on navigue sans cesse entre deux époques, aussi bien dans l’atmosphère et dans l’ambiance que dans le type de narration. Parce qu’après tout, certes les épisodes de cette série sont pensés comme des énigmes à l’ancienne, mais c’est aussi cela l’esprit « Sherlock ». Or, je trouve que le mariage des genres fonctionne plutôt bien, d’autant plus que les deux personnages principaux savent donner corps à cet étrange mix. Je trouve le choix de Benedict Cumberbatch pour le rôle de Sherlock, ainsi que la composition de son personnage, très pertinentes. L’acteur a une gueule atypique indéniable (n’y a-t-il que moi pour y voir un sosie en plus jeune et moins difforme des frères Bogdanov ?) et surtout une personnalité borderline qui sied parfaitement au personnage et à sa nouvelle époque. Martin Freeman, pour le coup, est un parfait contre-pied. L’homme ordinaire, sympa, attachant… Bref, on a là la recette du buddy movie parfaitement appliquée, et ça fait du bien de voir qu’on sait encore aujourd’hui maitriser ses classiques. Bref, que de bons points, mais reste le format. Trois épisodes d’1h30. Au départ suspicieux, le premier épisode m’a finalement convaincu de la pertinence d’un tel format. Seul hic, bien que ne se limitant qu’à trois épisodes, l’usure se fait légèrement sentir à la longue. Pour ma part, j’ai trouvé le premier épisode très réussi. Le deuxième quant à lui ne bénéficiait plus de l’aspect « découverte » mais fonctionnait quand même très bien, notamment en explorant l’esprit « exotisme de la Belle époque ». Par contre, le troisième s’est révélé, à mes yeux, bien plus faible. Répétitif, simple patchwork d’énigmes mis bouts à bouts comme si les auteurs n’avaient pas suffisamment d’idées pour entremêler tout cela de manière cohérente, le tout pour aboutir certes à une belle révélation (il fallait au moins ça) mais tout en laissant présupposer les limites du concept. Bref, je ne sais pas si la saison 2 saura me satisfaire en apportant le renouvellement nécessaire dans une série, mais une chose est sûre, à défaut peut-être d’avoir une bonne suite, cette première saison est déjà un petit plaisir fort agréable dont on peut clairement se délecter sans souci.