C’est marrant, j’ai mis du temps à m’y replonger dans ce « Sherlock ». C’est vrai que j’avais beaucoup apprécié la première saison, ce qui aurait dû m’inciter à me ruer sur la suite. Pourtant, le dernier épisode de la saison 1 m’avait laissé à l’esprit une étrange sensation, comme si l’alchimie était déjà en train de s’éventer. Et ce qui est étonnant, c’est que mon visionnage de la deuxième saison fut une sorte d’alternance régulière entre ces deux sentiments. Le seul premier épisode fut pour moi très révélateur. Cinq minutes seulement, et j’étais déjà totalement dehors (
la tension créée dans cette piscine sonnait totalement faux, très artificiel, et la volonté de rompre tout ça par une note comique – avec la sonnerie de téléphone « Staying Alive » qui retentit – moi j’ai trouvé ça totalement hors de propos. Ce n’était plus possible de reprendre l’intrigue et l’univers au sérieux.
) C’est très dur de commencer une saison par une résolution de cliffhanger totalement grotesque et bâclée en cinq minutes. Si bien que je me suis dit que rien dans cette saison ne pourrait rattraper cette souillure. Et puis finalement – ô surprise ! – en l’espace de seulement un petit quart d’heure, déjà, tout ce qui me plaisait était de retour : les cabotinages de Cumberbatch, la belle complicité avec Martin Freeman, l’atmosphère entre-deux-époques, ainsi que le retour à des mécaniques à énigme des vieux polars à l’ancienne. Et franchement, sur tous ces aspects là, les auteurs de cette série sont quand-même très bons. Ils savent très bien jongler entre d’un côté le charme désuet qu’on attend de l’univers archi-connu de « Sherlock Holmes » et de l’autre le plaisir de voir tout cela modernisé en fonction des codes et de la société (et des séries policières) du moment. Le premier épisode est de loin mon préféré. Le second m’a moins plu, notamment pour sa résolution un peu trop facile et obscure à la fois, même s’il a le mérite de renouveler encore davantage l’univers de la série en nous conduisant dans l’arrière-pays anglais. Et finalement, comme pour la première saison, c’est le dernier épisode qui m’a laissé le plus dubitatif. Et toujours comme la première saison, ce sont les mêmes défauts que j’ai trouvé dans cet épisode conclusif. L’atmosphère et la crédibilité de cet univers s’essoufflent ; l’intrigue mise en place n’est pas à la hauteur, l’enjeu non plus. En fait, je me rends compte que cette série ne fonctionne que lorsqu’elle laisse ses personnages dans leur train-train. Dès qu’elle veut les planter dans une sorte de fil rouge, d’intrigue filée qui a plus d’importance, je trouve qu’elle perd de sa légèreté et de sa subtilité. Peut-être que l’un des principaux responsables est le personnage de Moriarty. Je suis désolé, mais ce personnage, pour moi, c’est un flop. Il n’a aucune envergure. Il n’a pas de relief. C’est une sorte de Joker totalement loupé. Il n’est jamais effrayant. On le présente comme génie du crime, en contact avec tout le monde du crime mais jamais la chose ne se ressent. Il est juste horripilant dans sa manière de faire tomber à l’eau toutes les tentatives de mise en place de tension dramatique. Mais bon, pour être honnête, je pense que le personnage joué par Andrew Scott ne peut supporter sur ses seules épaules les reproches que je pourrais faire à cette conclusion de saison 2. La série a beau avoir le mérite de vouloir créer du retournement de situation à tout va, ces derniers me sont trop souvent parus surfaits et parfois même forts maladroits (
ce code magique qui rend tout accessible, ces snipers qui s’installent partout mais que personne ne dérange, quelques déductions tordues de Sherlock, Moriarty qui se tire une balle
), tout cela mettant à rude épreuve ma suspension d’incrédulité. Alors oui, ce n’est que le dernier épisode, et certain se surprendront peut-être que je m’étende autant sur lui. Mais bon, sur une saison qui ne tient que sur trois épisodes. Ce n’est qu’en même pas rien. Et quand une trilogie loupe ça sortie, c’est tout de même assez dérangeant. Mais bon, malgré tout, « Sherlock » reste une série sympathique. Il est juste dommage qu’elle ne sache pas se faire plus légère dans son ton mais plus rigoureuse et limpide dans ses intrigues. Espérons qu’avec le temps, cette série murisse avec l’âge…