Présenté en sélection officielle à Cannes d'abord en compétition puis finalement hors compétition, ce téléfilm de 5h30 en trois parties arrive à se regarder d'une traite sans qu'on ne voit quasiment jamais le temps passer. Tourné dans plusieurs pays en multiples langues avec un casting international, Carlos fait preuve d'une ambition rarement vue et prouve que la France est tout à fait capable de mener des productions ambitieuses et de qualités. Sur ce point, le film est réellement un coup de pied dans la fourmilière. Après, le film, bien qu'excellent, n'est pas non plus le chef d'oeuvre encensé. La première partie survole un peu trop vite les événements et la deuxième est un peu plus faible. Cependant, chaque segment arrive à capter un ton qui lui est propre : le premier montre l'ascension de Carlos, la deucième à son paroxysme lors d'une prise d'otages filmée quasi en temps réel, enfin la chute. Car plus qu'un terroriste dangereux et condamnable, Carlos est une star, il court après la gloire et ne semble ne mentir qu'à lui-même quand il parle de ses idéaux, la cause arabe d'abord, le communisme ensuite. Historiquement, le film est très documenté et nous fait traverser vingt ans de 1974 à la fin des années 1990. Néanmoins, le film reste avant tout une fiction fondée sur des faits réels et ne saurait être prise au pied de la lettre. Le film est bien une vision qui n'a pas pour but d'être la sacro-sainte vérité, même si un important travail de documentation a été effectué. Edgar Ramirez est très charismatique dans le rôle de Carlos et est promis à une belle carrière. Carlos est donc un téléfilm ambitieux et minutieux très documenté et parfaitement maîtrisé et l'on peut espérer que ce film donne des idées plus audacieuses aux producteurs de cinéma et de télévision. En tout cas, pari réussi pour Olivier Assayas, son film est remarquable, a fait le sujet d'un débat pseudophilosophique stérile sur la question de film ou téléfilm, fait preuve d'une ambition rarement vue. On en redemande.