The Pacific…
A lire les critiques, nous avons ici l’impression que les personnes qui regardent The Pacific s’attendent à voir Band of Brothers 2.
Band Of Brothers étaient un monument en soit. De 114 millions, on est passé à 200 millions de dollars pour la réalisation de The Pacific. Que peut on en attendre et que doit on voir dans The Pacific ?
De prime abord, si l’on essaye de le regarder comme un Band Of Brothers 2, pas la peine d’aller plus loin ; ce serait espérer voir apparaître ou resurgir une ambiance et des personnalités qui n’ont pas leur place ici. Les spectateurs oublient souvent que l’on traite d’évènements historiques et que les conflits sont très différents entre l’Europe et le Pacifique. Magnifique phrase d’un soldat à un des héros : J’étais en Europe mais j’ai eu des perms à Londres et à paris. Vous les G.I.s, vous avez que de la boue et de la merde
Autre différence : l’unité. Alors qu’avec band Of Brothers, nous suivions une unité d’élite, nous suivons dans the Pacific une division toute entière. Difficile de s’attacher aux caractères particuliers de tout un chacun.
Dernière différence avant de commencer la critique en elle-même : Les personnages. La plupart d’entre eux sont morts. Alors que la plupart de ceux de Band Of Brothers étaient vivants, les rédacteurs et scénaristes de The Pacific se basent sur des témoignages en grandes parties écrits. Difficile dans ce cas de donner une tangibilité, une sensibilité à l’œuvre.
Pour toutes ces différences, le spectateur qui a apprécié Band Of Brothers restera sur sa faim.
Qui des autres ?
Les réalisateurs nous présentent la guerre du pacifique et, ce faisant, nous la montre dans la réalité de la vie des soldats, non dans le caractère héroïque qu’elle relève. The Pacific se veut plus proche de la vie des hommes du rang que Band Of Brothers. Le quotidien est ici la trame principale, un quotidien rythmé par les évènements et les combats. Les combats en deviennent avec le temps un non-évènement.
La difficulté de l’avancée, l’âpreté d’un ennemi que l’on voit peu, que l’on rabaisse, la maladie, la soif, la faim, la chaleur, la pourriture et l’humidité : The Pacific ne montre pas la guerre contre les japonais, mais le combat des soldats pour leur propre intégrité, qu’elle soit mentale, éthique, psychologique.
Ce que band Of Brothers n’a fait qu’effleuré, à savoir la perte des camarades, la détresse psychologique, la lente descente dans l’abime qu’est le contact constant avec la mort, la privation et la disparition de ses compagnons et amis, the Pacific en a fait la base de sa narration.
Si, quand on considère le premier épisode de The Pacific, les héros semblent sans relief par rapport à band Of Brothers, c’est bien parce que The Pacific est à l’opposé totale de ce dernier, autant par sa narration, sa construction, par la pensée originelle de sa création.
Avec The Pacific, on s’attache aux hommes et non aux héros. Et c’est surement cette différence qui donne l’impression qu’il est sans saveur. Et pourtant, il ne faut pas s’y tromper. La musique est toujours aussi belle. L’introduction, magnifique, est à l’image de l’œuvre ; le crayonné de l’homme dessinant des soldats appelle le spectateur à la proximité, l’interroge sur ce qu’il est censé voir à travers le dessin. The Pacific nous appelle plus loin et cela explique ce côté très sanglant et « trash » : Il nous rappelle que la guerre est une chose sale, obscène, avilissante, que personne n’en sort grandi. Le soldat anonyme n’est pas un héros et ne veut pas l’être. Pas de fanfaronnade pour celui qui est au combat. Les acteurs ont trouvé leurs rôles là-dedans.
Pour conclure, que dirons-nous ?
The Pacific se situe à l’opposé de Band Of Brothers.
Loin des héros aux caractères forts, ceux de The Pacific sont des hommes ordinaires. Alors que les premiers font face à la guerre et vont la faire avec la certitude du devoir, les seconds la font non sans conscience, mais plus par obligation que par volonté, avec résignation. Ils la font parce qu’il faut la faire, sans vraiment comprendre pourquoi là, pourquoi lui, pourquoi les japonais. Alors que les héros de Band Of Brothers connaissent leurs ennemis, Les humains de The Pacific combattent un adversaire qui leur apparait bestial, qu’ils ne comprennent pas et qui les obligent à se grimer de la bestialité qui les habite, au même titre qu’ils vivent dans la boue, la crasse et la vermine. C’est cette bestialité de la Guerre du Pacifique qui est le véritable centre de l’œuvre, une bestialité qui oblige les hommes à s’interroger sur eux-mêmes et sur leurs actes, sur les nécessités de la guerre et les limites de leurs consciences.
The Pacific est une belle œuvre, à n’en pas douter. Son message est bien moins superficiel que celui de band Of Brothers. En même temps, il est infiniment plus dur à faire passer ce qui la rend surement inaccessible pour des spectateurs non avertis s’attendant à un divertissement, et non à un drame.