Une page se tourne ici avec les cinq petits derniers épisodes de la formidable plongée dans les entrailles d’une Nouvelle-Orléans dévastée par Mère Nature mais toujours fière, orchestrée par David Simon et Eric Overmyer. La faible durée de cette ultime saison découle-t-elle d’un choix financier de la chaîne, HBO, ou des motivations d’en finir sur une bonne note par les scénaristes? Peut-importe tant l’ensemble est harmonieux, du pilote, quatre ans précédemment, aux derniers instants de cette quatrième saison. Cinq épisodes suffisent ici à boucler la boucle, comme on dit, du fait sans doute de l’architecture, dirons-nous, de la série. Oui, si Simon et son compère ont construits un solide vivier de personnalités, d’humanité, en perpétuelle mouvement durant les trois saisons passées, ils ne font ici que tirer leurs chapeaux à tous ses personnages, concluant, littéralement, leur série sur une petite poignée d’heures, cinq, en forme d’adieu parfaitement logique.
Des suites directes de l’ouragan Katrina aux tentatives multiples du peuple de la ville pour sortir à nouveau la tête de l’eau, La série aura fait étalage de toutes les qualités nécessaires pour dépeindre ce portrait de masse, ce portrait social toujours juste, toujours profondément humain, accessoirement très musical. Chacun des intervenants, les principaux du moins, auront combattus l’infortune, auront tentés d’en tirer des profits, auront évolués en fonction des évènements, de la politique de reconstruction, se seront fixés de nouveaux objectifs, auront vus leurs vies prendre de nouveaux chemins. Cette ultime saison est donc un bilan de cette évolution propre à chacun.
Quoiqu’il en soit, si nous semblons quitter définitivement les rues de la Nouvelle-Orléans, nous y resterons toujours, en mémoire. La série, en soi, n’aura réellement de fin qu’à l’écran tant le potentiel narratif d’une telle œuvre est volumineux. L’on pourrait dès lors imaginer rester des années encore à suivre les pas d’un Davis insatisfait mais passionné, d’Antoine Baptiste et son trombone, de Delmond Lambreaux perpétuant l’héritage de son père, de LaDonna faisant survivre son petit bar de quartier, de Nelson et ses projets immobiliers, d’Annie comme star montante de la musique du sud. Mais Simon, comme il le fît avec Baltimore, The Wire, ne fait que passer, nous laissant le soin de nous faire nos propres plans sur la comète concernant l’avenir de ses personnages. Car le principal n’étant pas la Nouvelle-Orléans? Oui, et c’est tout simplement prodigieux. 17/20