« Pourquoi les dieux ne tiennent-ils donc jamais leurs promesses ? »
Viens, on va mélanger la mythologie grecque avec Star Wars. C’est ce qu’a dû dire la sociologue et documentaliste Nina Wolmark au show-runner Jean Chalopin en créant Ulysse 31.
Si on regrettera de nombreux écarts avec l’Odyssée d’Homère et la tradition (Ulysse n’est pas censé avoir été l’ami de Priam, bien au contraire puisque c’est lui l’initiateur de fameux Cheval de Troie qui permit l’invasion de la cité et sa mise à sac), il faudra admettre que cette série animée à permis à un nombre incalculable d’enfants de prendre goût aux légendes de la Grèce ancienne, les familiarisant avec plusieurs épisodes de la mythologie et leur symbolique, parfois décrits dans l’Odyssée (le Cyclope, Circé, Eole, Charybde et Scylla, les Sirènes, les Lotophages, Calypso, etc.), parfois hors du cadre de l’histoire d’Ulysse (Sisyphe, le Minotaure, le Sphynx, Orphée), parfois même échappant au contexte antique (le Marais des Doubles, la deuxième Arche, le Magicien Noir), allongeant et alourdissant alors inutilement la série.
Ce qui frappe le plus, 45 ans plus tard, c’est l’esprit de la mythologie, sombre, souvent désespéré, où les dieux sont tout sauf bienveillants, nimbés dans leur arbitraire arrogant, effrayés par l’audace des humains, le tout adressé à un jeune public. L’audace, donc, mais aussi l’errance, la quête, l’initiation, les épreuves, le merveilleux, celui-là même qui est commun à toutes les civilisations, tout y est.
Alors oui, les graphismes ont vieilli, plus proches qu’ils sont de la BD psychédélique et colorée des années ’70, surfant sur la vague des premiers mangas télévisuels (Goldorak, Candy), et la narration aussi, parfois incohérente notamment en raison du format d’histoires courtes, mais, soutenue par des dialogues généralement intelligents et une musique efficace, Ulysse 31 demeure une des séries animées les plus originales des années ’80, de celles qui ont enrichi l’imaginaire et la curiosité des enfants.