Il y a un bon moment, j’ai enfin découvert Jane Eyre, le chef-d’œuvre de Charlotte Brontë (d’ailleurs je vois que j’en avais fait une chronique, mais elle n’est pas terrible… il faudra que je la refasse après relecture !). Avec le temps, cette histoire est devenue l’une de mes préférées. L’amour passionnel mais tendre à la fois (comment ça normalement la passion exclut la tendresse ? Pas chez Charlotte !) qui unit Jane à Rochester me serre le cœur à chaque fois. Le livre était magnifique, et bien sûr je voulais voir les adaptations. J’ai commencé avec celle de 2011, de Cary Fukunaga, que j’ai adoré. Je fais généralement confiance à la BBC les yeux fermés, donc j’ai pris sa version aussi, et je me suis enfilé les quatre épisodes de 55 minutes. Je suis définitivement fan de Rochester… Je ne sais pas laquelle des deux versions que j’ai vues je préfère. Peut-être quand même celle de 2011, pour les décors, les images et la musique qui dépassent largement ceux de la version de 2006, qui n’en reste pas moins une excellente version que je reverrai avec grand plaisir.
Je ne vais quand même pas vous faire l’affront de vous rappeler encore une fois l’histoire. Passons directement aux avantages et aux inconvénients de cette adaptation. Ruth Wilson, qui interprète Jane, tient très bien son rôle. Elle n’est pas vraiment jolie (comme dit une amie, « il y a un problème avec sa bouche ! »), ce qui correspond bien à Jane Eyre, et elle a un regard qui en dit long. Elle m’a beaucoup touchée dans les moments où elle croit que Rochester va épouser Blanche Ingram et qu’elle ne peut s’empêcher de pleurer. Vraiment une très bonne Jane. Mais c’est Toby Stephens qui m’a fait fondre… (Dommage qu’il n’ait pas fait beaucoup de choses dans sa carrière !) Il est peut-être meilleur que Michael Fassbender ! Il est bien sûr grognon, grincheux, irritable, colérique, mais aussi lunatique… Il alterne donc avec des moments où il est espiègle, facétieux, un vrai gamin ! Il m’a fait rire plusieurs fois, et ses conversations avec Jane sont savoureuses. Il est aussi très entreprenant et a un peu les mains baladeuses ! Personnellement j’ai adoré cette interprétation. Et pis bon, les cheveux longs comme ça, c’est mon style.
Le « défaut » de cette adaptation, c’est peut-être d’être trop concentrée sur le couple. Leur relation est extrêmement bien développée, au détriment des autres aspects de l’histoire. Comme il y a quatre épisodes, je m’attendais à ce que l’enfance de Jane soit davantage traitée. Je n’ai pas eu le temps de m’attacher à Helen, et donc de la pleurer quand elle meurt. De même, dans le dernier épisode, quand Jane est chez les Rivers, il est difficile de bien comprendre la fratrie. En même temps, je comprends ce choix scénaristique, c’est l’amour qui est le plus intéressant à mettre en scène et qui plaît le plus aux spectateurs. C’est tout de même un peu dommage, tous les personnages en dehors de Jane et Rochester font fade. Même Mrs Fairfax, j’ai l’impression qu’on la voit plus dans le film de 2011 ! Néanmoins, tous les acteurs sont bien choisis, pas de fausse note. Et jai remarqué un personnage intéressant qui n'existe pas dans le roman à mon souvenir, Mr Eshton.
On en vient à l’esthétique. C’est là que ça pêche un peu, on sent que la BBC ne voulait pas y mettre trop de moyens quand même. Thornfield Hall est encore une fois une belle demeure qui rappelle un château-fort avec ses créneaux et ses tours, de ce côté-là aucun souci (je viens de voir que c’est Haddon Hall, la même demeure qui a été utilisée à de nombreuses reprises pour Thornfield, y compris en 2011). On a également droit à quelques belles landes dans les errements de Jane, mais si peu… Par contre, visuellement, j’ai été saisie par la vision du cimetière de Lowood avec plein de petits cercueils et quelques grands, pour toutes les petites filles et les maîtresses morts du typhus. Et ce qui m’a vraiment manqué, c’est une musique qui me fait frissonner des pieds à la tête, comme celle de Dario Marianelli (je sais, je ne suis pas forcément très objective vu que j’adore ce compositeur). La bande originale composée par Rob Lane réussit à nous effrayer un peu dans le noir de Thornfield Hall, et il y a un ou deux thèmes qui sont jolis, mais rien d’extraordinaire. L’image de fin de la série donne matière à rire aussi, le « tableau » fait assez kitsch ! C’est dommage, parce que je n’étais pas contre l’idée de voir leur petite famille, mais avec l’espèce de cadre autour, et la pose des personnages, ça ne m’a pas plu.
Vous l’aurez compris, malgré quelques bougonnades (si, ça se dit) de ma part, cette version m’a fait passer un très bon moment. J’ai pleuré à deux reprises (et ouais, lors de la première demande en mariage et lors de l’après-mariage raté), j’ai gloussé devant Rochester, bref je suis happy. Cet été j'essaierai de regarder l'adaptation avec Charlotte Gainsbourg, je me demande bien ce qu'elle vaut...