Les péripéties dramatique de l’aîné, les frasques sentimentales homosexuelles du cadet, les élucubrations artistiques de la petite sœur, l’introspection puis l’épanouissement de la mère, tout ça pour une série qui ronronne, une série qui déroule, qui ne dérape jamais en dépit de quelques difficultés à ne pas trop se disperser. Précédemment, Alan Ball nous avait laissé avec un Nathaniel Junior aux portes de la mort, une famille réunie dans l’inquiétude de voir l’un des leurs passer l’arme à gauche. Ce fût le point final de la deuxième saison. Sans réelle souhait d’harmonie temporelle, voulant simplement tourner une page pour avancer d’avantage, le créateur choisi ici l’écart temporel pour nous faire retrouver des personnages dont la vie est changée, ou est devenue routine, pour certains, histoire de dissocier un tant soit peu les évènements de cette troisième saison de ceux des précédentes. Nouvelle vie? Pas tant que ça, tant le passé et les impondérables du show rattraperont bien vite notre bonne famille Fisher.
Ball choisit, également, de privilégier les rapports familiaux et amoureux des protagonistes aux évènements directement liés à leur activité commune, l’entreprise de pompes-funèbres. Si chaque épisode commence toujours par le mort d’un individu inconnu, dont la famille se retrouvera cliente de la petite entreprise, les scénaristes semblent délaisser quelque peu les aléas de la profession pour tenter de mieux cerner les thématiques proprement privées de chacun. En soi, on ne pourrait leur reprocher ce pari, mais foncièrement, les meilleurs moments des deux premières saisons ne concernaient-ils pas ces instants de professionnalisme forcés chez les deux frères? On note également, histoire de redynamiser l’ensemble, l’incursion de quelques nouvelles trombines, dont Kathy Bates, excellente bien que trop rare, ou encore d’Arthur, élément perturbateur mais bienvenu dans la maison Fisher, ou encore de Georges, arrivé de nulle part et sur qui il semble falloir compter à l’avenir.
Bref, entre resserrements narratifs sur la vie privée des personnages, même Rico aura droit à son chapitre hors entreprise, entre les arrivées intéressantes de nouveaux personnages, entre quelques séquences d’introduction bien torchées, la série semble légèrement se complaire dans son procédé, avançant docilement face à une audience de toute manière conquise. Reste que les élucubrations artistiques de Claire, pas forcément emballant d’autant que le personnage de son prof n’est que très rarement intéressant, et les problèmes de couple de David et Keith finissent par amoindrir l’ampleur d’une saison sincèrement un ton au-dessous des deux premières. Rien de catastrophique, s’entend, simplement une baisse mineure d’intensité, une forme de routine que Ball et son team n’arrivent pas vraiment à trouer, quand bien même la saison se clôture sur de tragiques évènements.
Six Feet Under, cela reste du pur produit HBO, bien écrit, finement travaillé psychologiquement, le must du drama au début des années 2000 aux cotés des légendaires Soprano et des flics de Baltimore. Je dis simplement qu’ici, la série subit un coup de mou, quand bien même je peine à l’expliquer. 14/20