D’année en année, les caractéristiques primaires d’un show télévisé digne de ce nom ne périssent pas. C’est le cas des Sons of Anarchy, de Kurt Sutter, qui revient à chaque rentrée plus vigoureux, plus audacieux. S’il s’agit ici d’une série purement commerciale, bâtie pour FX sur les fondations laissées par The Shield, les nombreux atouts dans la manche de Sutter lui permettent de ne pas se fixer de réelles limites narratives, lui permettent la grande éclate, torturant incessamment la conscience et les corps de ses personnages, les confrontant toujours au pire, à pire, en tentant maintenir la cohésion au sein du monde qu’il incarne. Si jusqu’alors, les Sons, en dépit des épreuves, sont toujours restés soudés, ici, les actes de certains, leurs conséquences, signifient un retour en arrière impossible. La cohésion générale est mise à mal, et cela, nous l’attendions.
Toujours plus impitoyable envers son ramassis de criminels en blousons de cuir, à l’image du traitement réservé au personnage qu’il incarne dans sa série, Kurt Sutter semble à tous les coups savoir vers quel chaos les mener tous. On sait d’avance que les choses tourneront mal, d’où parfois la naïveté de certains dialogues rassurants, toujours les mêmes. L’intérêt réside, tout le temps, dans le fait de découvrir comment le club s’en sortira, qui y restera, qui verra son destin changé. C’était le cas des flics pourris jusqu’à l’os de Shaw Ryan et c’est le cas des motards de Kurt Sutter. Impossible de s’y tromper.
Ici, les confrontations initiées durant la seconde saison entre Jax et Clay prennent une tournure dramatique, le passé agissant comme moteur de tous les doutes, de toutes les tensions. On nous parle depuis longtemps du brave John Teller, mais jusqu’alors, avouons que nous nous en fichions un peu. Là, impossible de faire l’impasse tant les révélations quant au passé du club viendront bouleverser le présent. C’est solide, c’est dramatique, violent et limpide. Un modèle du genre qui ne souffre que de petits aléas, des seconds rôles parfois patauds voire un peu pénibles, des dialogues pas toujours à la hauteur de l’enjeu, une réalisation trop téléfilmique… Peu importe.
Pour sa quatrième cuvée, Kurt Sutter fait les choses bien, retorses et sans pitié, comme on les aime. Confrontant cette fois-ci le club aux cartels mexicains, Sutter parvient à étendre son concept d’origine en lui faisant prendre les virages nécessaires. On pressent donc, au terme de cette quatrième saison, qu’il y encore de quoi remplir quelques soirées durant les années à venir. 17/20