Troisième baroude d’honneur pour les bikers de Kurt Sutter, succès conséquent de la chaîne câblée FX, successeur officieux de la prodigieuse The Shield, une série sur laquelle a œuvrer le Showrunner des Sons of Anarchy et de laquelle il a clairement tiré toute cette vitalité narrative. Un brin poussive, cette troisième saison constitue un nouveau planning alléchant de traitrise, de violence, de machination meurtrière, ou l’on retrouve chacun des protagonistes des deux saisons précédentes, découvrant ou redécouvrant sans cesse de nouveaux vices, de nouveaux secrets aux conséquences potentiellement destructrices. Le rythme est à ce point tendu que les temps morts, ici, n’existent pas, ce qui en soit, est la clef du succès de la série auprès d’un très large public. Ou pourrait cependant regretter cet état de fait tant la narration paraît parfois excessive, cumulation interrompue d’ennuis en tous genres qui s’imbriquent les uns aux autres pour dresser un tableau final satisfaisant mais pas toujours crédible. Un fils disparaît. Partant à sa recherche, voilà que disparaît la petite amie. Sans compter qu’il s’agit de blanchir maman qui risque la prison à perpétuité. A cela s’ajoute les potentielles révélations destructrices d’un passé dont on ne connaît finalement que peu de choses.
Vous l’aurez compris, Sons of Anarchy n’est pas un show qui s’éternise mais se précipite, un condensé millimétré de tout ce qui fait le succès d’un bon soap crapuleux, l’héritage de The Shield. On en revient toujours à la même référence. Sur le papier, l’un des atouts de cette troisième saison était le voyage de presque l’intégralité du club en Irlande du Nord, histoire de sauver des griffes d’anciens partenaires commerciaux, l’IRA, le fils de Jax, morveux kidnappé par le désespéré Cameron au terme de la saison précédente. Cela promettait des variations notables en rapport aux épisodes précédents. Malheureusement, le voyage n’est pas forcément concluent, notamment du fait d’un tournage californien à peine maquillé. Oui, les bois irlandais ne ressemblent pas à ceux de la Californie. Ajoutons à cela l’apparition de nouveaux personnages, à Belfast, pas foncièrement attractifs, à l’exception de la dénommée Maureen dont la confrontation avec Gemma est plutôt mouvementée. On passera sur la relation amoureuse entre deux individus à qui personne n’aura pris la peine de révélé leurs liens de parenté.
Mais ce voyage irlandais qui n’apporte finalement pas grand-chose de plus, appuyé par une refonte du thème lors de générique, ne représente pas grand-chose face à la dextérité avec laquelle Kurt Sutter fait s’enchaîner les évènements, sans compter sur un excellent final-Season. Oui, qu’importe les lacunes, la saison, dans sa globalité, est réussie, puissante sur le plan de l’écriture. La distribution des tâches, des rôles à jouer, entre chacun des protagonistes est également parfaitement maîtrisée, ne laissant personne sur le bord de la route. Le club est soudé, oui, mais tout menace à chaque instant de s’effondrer, notamment en rapport à la justice et à l’immonde mais appréciable agent Stahl. Dans ce sens, chacun des personnages, tous sincèrement sympathiques, Jax n’étant paradoxalement pas toujours le plus intéressant, tiennent un rôle majeur dans l’évolution de la série. Remarquable écriture, donc.
Voilà donc un second retour plein de promesses, de belles perspectives, s’achevant en beauté, ouvrant la voie à une quatrième saison que l’on espère aussi bonne, voire meilleure sur le plan technique. Tout ça est allé très vite, peut-être un peu trop, mais on ne peut que tirer notre chapeau à Kurt Sutter pour son show vitaminé, original et toujours attrayant. A bientôt pour la suite. 15/20