La première saison du show de Kurt Sutter fût une bonne surprise, synonyme de jours fastueux pour la chaîne FX, alors que la concurrence semble imparable. Cette seconde saison, suite directe des treize premiers épisodes, logiquement, sans être mauvaise, paie sans doute le tribut d’un trop plein de bonnes volontés. Rythmée, particulièrement retorse, cette seconde volée souffre sans doute d’un symptôme propre aux shows qui veulent tout et tout à la fois, l’accessibilité, la puissance narrative et le suspens devant être maintenu de bout en bout. Kurt Sutter ne fait donc pas faux, mais il en fait vraisemblablement trop, bien trop lorsqu’il enchevêtre les intrigues, lorsqu’il capitalise sur des contours drastiques dans le scénario. Ici, à chaque épisode son retournement, son avancée dans le récit général. Si tout s’enchaîne dans une certaine forme de logique, tout semble clairement s’appondre à la force des biceps, dans une tentative sympathique mais clairement visible d’en montrer un maximum.
Sutter nous ayant laissés dans la tourmente, au terme de la première saison, le showrunner semble infatigable et rajoute des couches à la pelle. Chaque protagoniste est ici amené au sacrifice, à la confrontation, à la violence, oui même la belle doctoresse jusque-là réticente à intégrer l’univers du club. Décidément, tout n’est pas facile lorsque l’on est un motard trafiquant d’armes. Si ce mode de fonctionnement, soit pied au plancher, est salutaire pour l’audience, comprenez l’accès à la série par un public d’avantage habitué aux univers des séries des Majors, la crédibilité du show en prend un coup. Oui, si tout est attrayant, si tout est possible dans ce type de série, il n’en reste pas moins que les raccourcis sont aussi voyant que les emblèmes cousus à volonté sur les cuirs de bikers.
Bref, inutile de faire la fine bouche face à un tel rouleau-compresseur de l’audimat, du divertissement télévisuel. Sons of Anarchy fonctionne comme une bonne vieille montre suisse, machine à divertir rendue d’autant plus efficace du fait de ses protagonistes, aussi variés que cruels, aussi malins que bêtes à manger du foin. Alors que Charlie Hunnam et Ron Perlman mènent la danse, en fanfare puisqu’ils passent quasiment ici tout leur temps à se tirer la gueule, si ce n’est à se cogner, les autres intervenants, aussi nombreux qu’insolites, ont tous leur petit moment de gloire durant la saison. Ou soulignera l’importance logique de Gemma et Tara, l’importance de la condition féminine déjà esquissée durant la première saison et ici clairement ajoutée à l’équation.
Voici donc du divertissement à fort taux d’adrénaline et d’hémoglobines, un pur produit de l’Entertainment qui ravira bon nombre. Les fans sont nombreux, et il est aisé de comprendre pourquoi au terme de cette seconde saison, un final qui annonce, là-encore, bien des ennuis pour la suite. Suspens, attitude cool, rebelle, violence, belles bécanes, Kurt Sutter a donc réussi à convaincre qu’il n’était pas qu’un simple artisan parmi d’autre du légendaire The Shield. Si je ne suis pas forcément tendre, ici, avec les SOA, j’attends tout de même avec impatience la découverte de la troisième saison. 14/20