Sept ans aux côtés d’une bande de motards criminels, sept ans de tension, sept ans d’effusion de sang, une certaine forme d’héritage de The Shield chez FX par Kurt Sutter, showrunner ayant officié à la fois comme producteur et scénariste sur le légendaire show de Shawn Ryan. Les Sons of Anarchy, un drama souvent brutal, toujours vif, parfois poussif mais toujours satisfaisant, au moins. Au fil des saisons, au fil des disparitions, des retournements, des trahisons, le club est au centre des débats, l’astre autour duquel tourne tout l’univers de la série, qu’il s’agisse des membres à proprement parler, de leurs familles, des forces de l’ordre ou encore des concurrents en affaires. Un point fixe auquel s’attache fermement Sutter, un repère immuable alors que les personnages vont et viennent, changent. Une série, donc, qui se construit sur l’idée même qu’un beau jour le club, Samrco, Redwood Original, Sons of Anarchy, appelons-le comme on veut, puisse changer, puisse se métamorphoser. C’est dans une certaine forme de camaraderie crapuleuse, de solidarité dans le crime, que se déroule toute la litanie des évènements auxquels nous assisterons.
Un seul homme, bien sûr, se tiendra au centre de l’arène du début à la fin. Mais cela n’est qu’assez peu important en regard à cet esprit d’équipe, justement, une formule que Sutter maîtrise parfaitement et qui permettra, bien souvent, à la série de sortir du lot. La formule The Shield est appliquée à la lettre, entre tension récurrente, violence imposante et franche camaraderie. Sutter ne réinvente en rien les travaux de ses prédécesseurs sur ce type de support, celui-ci n’ayant eu, en somme, que la bonne idée de transposer un concept d’écriture vers l’univers particulier des gangs de motards de l’ouest américain. C’est, dès la première saison, un succès commercial, les looks, les personnages balourds, charismatiques, drôles aidant, et le tout devient vite un véritable phénomène télévisuel. Tant mieux, oui, mais n’oublions pas aussi d’y voir ses faiblesses.
La série, en effet, s’avèrera en définitive bien trop poussive, à bien des égards, dans la tentative des scénaristes de toujours vouloir pousser le bouchon plus loin encore. On ne se repose jamais sur ses lauriers, ici, propulsant à tour de rôle les personnages dans la tourmente. On ne se gêne pas pour sans arrêt redistribuer les cartes, refaire le monde. Finalement, seuls les liens familiaux sont immuables, outre le club bien sûr. On sait pertinemment, dès le départ, qu’importe le nombre de saisons, tout finira par un drame familial. Alors on remplit, on remplit encore tous les blancs, histoire de prolonger l’aventure à l’envie, du moins jusqu’à ce que le chaîne mette un terme au contrat. On sentira donc souvent cet élan de gratuité, dans des scènes d’action destinées à faire frémir un public impatient, dans ces scènes de sexe plus ou moins explicites, dont aucune ne sert à l’avancée de l’histoire. Les Sons of Anarchy, quand bien même cela soit plaisant, c’est souvent du prétexte à l’état brut. Mais quoiqu’il en soit, tout fonctionne comme sur des roulettes, des comédiens, excellents, assurant pleinement le coup.
Oui, outre Charlie Hunnam, on aura apprécié l’ordure qu’incarne Ron Perlman, on aura adoré côtoyer ses bons vieux Chibs, Bobby, Juice, Unser et j’en passe. En effet, la galerie de personnage des Sons of Anarchy contribue sans le moindre doute au succès de la série. Bref, voici un drama dans l’air du temps, à la mode comme on dirait, une série aisément abordable, parfois surprenante, parfois spectaculaire qui vaut incontestablement le détour, et ce, même si la série tire un peu en longueur. On va dire que les Sons of Anarchy sont vivement conseillés aux amateurs de séries musclées. Restons-en là. 15.3/20