Après le remake US déjà affadi de la succulente série britannique, on tombe encore plus bas avec le remake français, qui ressemble à une version Wish. Ce qui pique les yeux le plus ardemment est la qualité technique de la série : les costumes des fantômes font pitié (là où l'originale britannique sortait le grand jeu avec des costumes d'époque que Downton Abbey ne bouderait pas, la France dégaine des costumes 1er prix de La Foir'Fouille), les dialogues sont accablants (idem, on va comparer pour vous faire comprendre ce que l'on a perdu : l'homme de Cro-Magnon était drôle dans l'original car il a passé un temps interminable aux côtés des générations d'héritiers, aussi il affiche une culture G impressionnante, parle plusieurs langues, cite du Pythagore, alors qu'il retourne dans ses bas instincts au premier écureuil qui passe... La version française, c'est un paillasson qui baragouine des "Ahi Ahi Ahi..." affligeants, sans plus, puisque le public n'est visiblement pas capable de comprendre un humour plus raffiné que du monosyllabique... On nous prend pour des bas du front), il n'y a pas de générique (dommage, le britannique claquait !), les acteurs surjouent comme dans une kermesse (la
mort du scout
, ce sont des minutes qui paraissent des heures), la BO dérape parfois (lors des scènes de découverte des fantômes dans l'épisode 2, on nous balance une musique digne du cirque Pinder, et Demis Roussos comme modèle du fantôme poète, ça sent carrément la naphtaline, là où la version britannique le faisait admirer du rap moderne énervé, dont le décalage était drôle... Encore une fois : la version française ne s'embête pas avec la profondeur de son humour, c'est du bâclé neuneu), et n'exploite absolument jamais son concept, puisque l'on se fiche éperdument de la vie (et de la mort) des fantômes du manoir... C'est ballot, c'aurait dû être l'originalité, le pétillant de cette série, mais à la fin de cette saison 1 (qu'on espère vainement être la dernière), on aborde déjà le final de la cinquième saison britannique, aussi on sait que c'est foutu pour tous les arcs narratifs (drôles, dramatiques, surprenants...) des histoires des fantômes. On s'en était déjà aperçu quand la série change l'origine du "Mal d'Alison" dès le premier épisode : normalement c'était Julian (le fantôme sans pantalon, ici Roland) qui la poussait volontairement, puisque c'est un misanthrope, et il apprenait à être moins misanthrope avec le contact d'Alison, jusqu'à quelques moments très émouvants entre eux (de belles confessions), ici le pourri ne fait pas exprès de faire chuter Alison, ce qui retire tout intérêt pour son évolution dans la série. A cela, on ajoutera que ce personnage "sans pantalon" est ici encore une fois une "version Wish" : il a un calecif. Ça ne vous paraît peut-être pas catastrophique, dit comme cela, mais la version originale prenait un malin plaisir à masquer les parties intimes de l'acteur en jouant sur la mise en scène (le cadrage et l'angle faisaient toujours tomber la chemise au bon endroit), ce qui est, dans les faits, ultra compliqué à réaliser, surtout sur cinq saisons (imaginez la fameuse séquence d'Austin Powers, sur plusieurs heures... Un travail d'orfèvrerie, pour créer un gag vraiment hilarant). Ici, "oh, on va pas se casser la tête, hein", un calecif. Dommage, ce n'est encore qu'un aveu de fainéantise complète de cette série, qui n'est qu'un mauvais résumé de la superbe série anglaise (sur laquelle vous aurez le bon goût de vous jeter avidement). Seul point que l'on sauve (une palpitation dans la loge des scénaristes : hallelujah !), le nom du fiancé d'Alison, Nabil. Il n'est pas l'hériter direct, donc simple roturier en couple avec la "digne héritière de sang noble", et pourtant c'est lui qui s'appelle littéralement "Noble" (en langue arabe), voilà, c'est le seul petit sursaut d'écriture que l'on sauve (c'est peu). Vous l'aurez compris, on nous prend pour un public très bas du front, incapable d'apprécier un scénario bien écrit et des blagues plus raffinées qu'une monosyllabe répétée ad nauseam en grimaçant, une mort cérébrale devant ce massacre d'une si bonne série anglaise, qui devrait faire de nous un joli fantôme à la sortie. Ouuuuuuh... (non, on ne fait pas le fantôme, on hue).