J'ADORE ! Ceux qui me font l'honneur de me lire sur ce site savent que j'ai la dent un peu dure. Ici cependant, je me sens fondre. Les amateurs de polar n'y trouveront par leur compte : l'intrigue policière n'est qu'un prétexte à dérouler des histoires qui valent leur pesant de cacahuètes (sans mauvais jeu de mots).
Diffusée sur Arte tous les jeudis soirs, cette série se passe au Bostwana, le pays des diamants de sang, du pétrole et de la faune sauvage. Elle est tirée des romans d'Alexander McCall Smith. Anthony Minghella et Sydney Pollack se retrouvent au générique, je ne sais trop à quel titre. Qui connaît ce pays ? Qui même, parmi nous les Occidentaux, connaît vraiment l'Afrique ? Voici un bon moyen de combler un peu cette lacune.
Precious, la détective, et Grace, son assistante ont installé leur agence d'investigations à Gaborone, la capitale. Leurs voisins sont Beka, le coiffeur homo qui tient le "salon de coiffure de la dernière chance" et JLB, un mécanicien magique qui en pince sérieusement pour Precious.
Les femmes sont belles, gracieuses et sans complexe, les hommes un peu simplets... De temps à autre, babouins, serpents, rhinos, girafes, crocodiles croisent notre chemin. Les paysages sont merveilleux. On sent encore les vestiges délabrés du protectorat britannique. On voit vivre une société africaine, si loin de nous qu'elle en devient fascinante : la misère, le manque de structures et de soins médicaux, les orphelinats, le SIDA (30 % de la population), l'absence quasi-complète de technologie. La pauvreté de la population est si banale comparée à ce que nous connaissons qu'elle en devient la classe aisée. Des poules se promènent devant l'agence de Precious et Grace, quelquefois, elles entrent quand des clients prennent le thé en exposant leurs soucis. Le récit réussit à rester léger mais ne nous épargne rien en toile de fond. C'est là le charme de cette série qui n'a pourtant pas été annoncée avec tambour et trompettes.
Ce qui saute aux yeux, c'est la place prépondérante des femmes dans cette société qui tente de sortir son pays de la liste des PMA (pays les moins avancés). On sait déjà que c'est par les femmes que l'Afrique réussira à se relever. Elles sont entreprenantes, elles respectent les coutumes mais n'ont pas froid aux yeux.
Un seul bémol, pourquoi Arte pourtant multiculturelle, n'a-t-elle pas jugé bon de nous proposer la série en VM (on peut juste avoir le film en allemand si on essaie de régler sa télé !). Le doublage français est une vraie nuisance, voix gnangnan et bébêtes avec un accent africain standard très exagéré digne de l'époque de la colonisation et de y a bon Banania. Revois ta copie, Arte, on n'est pas si débiles, on peut suivre en anglais sous-titré.
Si vous n'avez pas regardé, vous vous privez d'un immense plaisir : c'est drôle sans aucune niaiserie ni complaisance, les rapports humains sont exposés finement et avec humour mais dans le respect des coutumes locales, les enquêtes de Precious sont sans pareilles. Tout sonne juste, nous sommes complètement dépaysés.
Doumela Mma (pour les filles), doumela Rra (pour les garçons). Cest du moins, ce que j'ai retenu.