Le 29 octobre 1965, peu après 12 h 30, le chef de file de l'opposition de gauche au roi du Maroc Hassan II, Mehdi Ben Barka, est interpellé devant la brasserie Lipp par deux policiers français, Souchon et Voitot, et un agent du service français de contre-espionnage, Lopez. Ben Barka a ce jour-là rendez-vous avec un journaliste, Bernier, un producteur de cinéma, Figon, et un réalisateur, Georges Franju, pour y déjeuner et envisager avec eux la préparation d'un film documentaire dont il a accepté d'être le conseiller politique. Si Ben Barka est intéressé par le projet, ce n'est pas seulement pour mettre en lumière le rôle qu'il joue dans l'opposition marocaine, mais parce qu'il est aussi une figure de proue du mouvement tiers-mondiste. À ce titre, il doit présider la prochaine conférence Tricontinentale (réunion des mouvements de libération d'Amérique du Sud, d'Asie et d'Afrique) en 1966 à La Havane. Exilé par le roi du Maroc, il vit habituellement entre Le Caire et Genève, et, bien qu'il ait déjà été la cible de plusieurs attentats au Maroc ou en Suisse, il se sent suffisamment en sécurité en France pour n'avoir demandé aucun service de protection depuis son arrivée le matin même à Orly. Plus jamais on ne reverra publiquement Ben Barka vivant. Trois jours plus tard, la presse annonce l'enlèvement et la disparition du leader marocain. L'un des plus grands scandales de la Ve République a commencé...
S01E02
Le 29 octobre 1965, peu après 12 h 30, le chef de file de l'opposition de gauche au roi du Maroc Hassan II, Mehdi Ben Barka, est interpellé devant la brasserie Lipp par deux policiers français, Souchon et Voitot, et un agent du service français de contre-espionnage, Lopez. Ben Barka a, ce jour-là, rendez-vous avec un journaliste, Bernier, un producteur de cinéma, Figon, et un réalisateur, Georges Franju, pour y déjeuner et envisager avec eux la préparation d'un film documentaire dont il a accepté d'être le conseiller politique. Si Ben Barka est intéressé par le projet, ce n'est pas seulement pour mettre en lumière le rôle qu'il joue dans l'opposition marocaine, mais parce qu'il est aussi une figure de proue du mouvement tiers-mondiste. À ce titre, il doit présider la prochaine conférence Tricontinentale (réunion des mouvements de libération d'Amérique du Sud, d'Asie et d'Afrique) en 1966 à La Havane. Exilé par le roi du Maroc, il vit habituellement entre Le Caire et Genève, et, bien qu'il ait déjà été la cible de plusieurs attentats au Maroc ou en Suisse, il se sent suffisamment en sécurité en France pour n'avoir demandé aucun service de protection depuis son arrivée le matin même à Orly. Plus jamais on ne reverra publiquement Ben Barka vivant. Trois jours plus tard, la presse annonce l'enlèvement et la disparition du leader marocain. L'un des plus grands scandales de la Ve République a commencé...