La série, au titre ambivalent, querer signifiant, selon le contexte, vouloir et aimer, a le grand mérite d’aborder, vraisemblablement pour la première fois à la télévision et/ou au cinéma, le sujet du viol conjugal (inscrit dans la loi depuis 1992 en Espagne et 1994 en France). A travers Miren,
femme au foyer depuis 1992, qui quitte le domicile conjugal (un appartement cossu de Bilbao) après 30 ans de vie commune, demande le divorce et porte plainte contre son mari, Iñigo, directeur commercial d’un laboratoire pharmaceutique (9 000 € / mois), pour violences conjugales
, la réalisatrice décrit bien le phénomène d’emprise qu’elle a subi, l’empêchant de réagir et préférant le silence pour éviter la colère et les représailles de son mari qui ne supporte pas la contradiction [phénomène très bien relaté dans « L’affaire Nevenka » (2024) d’Icíar Bollaín], la notion de consentement pas toujours explicite (extrapolable à toutes les formes de couples), la toxicité masculine (du mari et de son fils, Aitor, et l’éclatement de la famille et des amis, où Miren trouve peu d’alliés, la famille de son mari, faisant bloc (
lors des 88 et 89 ans de sa belle-mère
). La série comprend 4 épisodes (Vouloir, Mentir, Juger et Perdre) et doit beaucoup à l’interprétation des 4 comédiens principaux. Bien sûr, Nagore Aranburu, qui joue une femme effacée, stressée mais finalement pleine de forces, et Pedro Casablanc, père autoritaire, macho,
qui n’a rien compris et continuant de se considérer comme une victime, acceptant de pardonner (sic) à sa femme après le procès
. Les 2 premiers épisodes exposent la situation et les relations entre les personnages tandis que le 3e correspond à l’audition judicaire en huis-clos, très dialoguée mais sans effet de manche, ce qui en accentue la véracité et le réalisme. Seul le 4e épisode est moins bon, donnant l’impression que les scénaristes ne savent pas comment terminer l’histoire,
l’accident automobile du fils Jon, n’apportant pas grand-chose
. Ainsi, une série télévisée permet au réalisateur de prendre son temps, de développer ses personnages et d’être plus explicatif, mais au détriment du rythme, contrairement au cinéma (s’il respecte le format classique de 90 mn voire 120 mn, grand maximum). Ici, il n’y a pas vraiment de « cliffhanger » à la fin de chaque épisode.