Comment, des années 1920 à nos jours, le capitalisme financier a renforcé peu à peu son alliance occulte avec les organisations mafieuses. Une implacable enquête sur trois continents, entre thriller économique et saga historique.
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3,2 3 notes
Infos saison
3 épisodes
Chaîne d'origine : Arte
Diffusée à partir de : 28 novembre 2023
Les épisodes de la saison 1
S01E01 - Le temps des pionniers
New York, 1920. Dans l’euphorie des Années folles, les salaires comme la consommation augmentent et la Bourse de Wall Street est en pleine effervescence. Parallèlement, la prohibition booste les ventes clandestines d’alcool, enrichissant la pègre, dont Al Capone incarne la réussite. Après le krach de 1929, lorsque le président Roosevelt met en place le New Deal pour remédier aux ravages de la crise, des grandes fortunes cherchent à échapper à l’impôt, et la Mafia s’immisce dans les circuits tout neufs de l’évasion fiscale. Sous l’égide de Lucky Luciano, patron de Cosa Nostra considéré comme le fondateur du crime organisé moderne aux États-Unis, et de son “comptable” Meyer Lansky, qui étudie rigoureusement l’économie pour infiltrer le système financier, les réseaux mafieux italo-américains se développent. Pendant ce temps-là, en Chine, dans les années 1920, a émergé un autre modèle de baron : jouant avec brio de son sens des affaires comme de son flair politique, Du Yueshang, jeune gangster de Shanghai membre des Triades, a entrepris de vendre de l’opium au monde entier, avec l’accord tacite de la police coloniale. En Europe, alors qu’après la Seconde Guerre mondiale Palerme est devenue une plaque tournante du trafic de cocaïne, Michele Sindona, ambitieux avocat fiscaliste et anticommuniste viscéral, tisse lui aussi des liens entre la finance et la Mafia sicilienne. Il gère aussi bien les fonds de Cosa Nostra que ceux du pape, organisant le blanchiment par l’intermédiaire des eurodollars de la City de Londres et des casinos des Bahamas.
S01E02 - Follow the money
À la fin des années 1980, l’agent des douanes américain Robert Mazur – alias Bob Musella – infiltre le cartel de Medellín en tant que “blanchisseur”. Sa rencontre avec un narcotrafiquant colombien le conduit à contacter, à Miami, la banque pakistanaise BCCI, adepte du secret bancaire et implantée dans un paradis fiscal, les îles Caïmans. Sous couverture, il organise le blanchiment de l’argent du cartel par le biais d’une société-écran, qui transforme les fruits du trafic en prêts à destination de divers secteurs juteux. Il découvre ainsi le rôle prépondérant que jouent les paradis fiscaux en faveur du crime organisé. En Suisse, aux Bahamas ou au Panamá, aucun contrôle sur les transactions financières et monétaires n’est effectué, et les banques acceptent l’argent d’où qu’il vienne, ce qui a permis par exemple à un réseau transnational d’import-export de cocaïne de croître et d’embellir, des États-Unis jusqu’en Italie en passant par les Caraïbes. À Palerme, la Mafia livre une guerre sans merci à quiconque conteste sa puissance, n’hésitant pas à tuer policiers, journalistes, députés et magistrats. Le juge Falcone entreprend alors de suivre les flux financiers du crime et remporte avec le “maxiprocès” une victoire historique avant d’être assassiné à son tour. Simultanément, dans le Japon florissant de l’innovation technologique, le groupe mafieux des yakuzas profite de la bulle immobilière pour s’introduire dans les sphères économiques et politiques du pays.
S01E03 - L'internationale criminelle
Durant les années 1980, voyant se profiler l’effondrement de l’URSS, des hauts gradés du KGB, les services secrets soviétiques, ont planifié la sortie de l’autre côté du rideau de fer d’une partie des ressources de l'empire, qu’ils placent dans des sociétés-écrans chypriotes. À partir de 1992, les premiers oligarques, qui se sont approprié une large part de l’industrie russe – d’aluminium notamment – se lient, par souci de protection, avec le crime organisé pour profiter pleinement de la transition sauvage vers l’économie de marché, sous la présidence de plus en plus défaillante de Boris Eltsine. L’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, ancien officier des services secrets, va remettre tout le monde sous l’autorité étatique. Proche des gérants de la banque Rossiya, qui possède de nombreuses parts dans l’industrie pétrolière russe, il accapare les richesses spoliées par les oligarques et leurs complices mafieux, et organise leur blanchiment sur les marchés financiers de la City londonienne. Ces grandes manœuvres politico-économiques sont favorisées par l’extension de la dérégulation financière qui accompagne la mondialisation. En 1993, à Erevan, différents membres des organisations mafieuses se réunissent : c’est l’ère de l’internationale criminelle. Le trafic de stupéfiants devient transnational et hors de contrôle. En 1994, l’accord de libre-échange nord-américain (Alena) constitue une aubaine pour les circuits de la drogue entre la Colombie et les États-Unis, via le Mexique. Pendant ce temps, la mafia calabraise, la ‘Ndrangheta, première exportatrice de cocaïne au monde, réinvestit ses bénéfices dans les secteurs qui lui ouvrent ses portes (services, restauration, immobilier, construction, grande distribution, transports…) ; et en Chine, les dirigeants communistes s’allient avec les Triades qui organisent avec le cartel mexicain de Sinaloa le transit de fentanyl, un opioïde de synthèse, en direction de l’Amérique. L’argent est blanchi par l’intermédiaire des casinos de Vancouver et de la Lebanese Canadian Bank, avec le soutien actif du Hezbollah libanais...