Cette troisième saison de Breaking Bad opère un tournent majeure et décisif dans la série ! Celle-ci se veut moins " fiévreuse ". J'entends par là que le rythme se " normalise ", le sentiment d'urgence laisse place à une professionnalisation et donc à une habitude. Saul avait quelque peu déclenché le truc dans la précédente saison mais c'est bien Mike, Gale et dans une plus grande mesure encore Gus qui amène Breaking Bad vers une autre dimension. Tout le génie de la série réside dans son évolution !
Pour autant une petite déception se fait sentir dans ce nouvelle axe. Quelque chose se termine, la mutation et son dessin se forme inéluctablement. Le tempo est impacté mais sa narration en ressort grandit, plus encore, sa maturité semble être une sonde pour une introspection de ses personnages.
Walt continue sa mue, parfois pathétique, obsédé, terrifiant ou à contrario attachant et perdu ... Il incarne la complexité à l'état brut. Ses prises de décisions le rende en tout point imprévisible, le personnage est fascinant ! Jesse morfle encore, quelques accalmies, il se relève et se recouche peu de temps après. Pour lui aussi les choses changent, cette fois-ci ces choix comptes, donne le ton de certains événements. Jesse est depuis le départ complètement bouleversant, cette donnée ne change absolument pas, Aaron Paul est d'ailleurs un immense comédien. Hank fait aussi partie prenante de cette avancée, il piétine, questionne, cherche toujours et trouve une connexion avec lui-même qui pousse à suivre sa pensée et à prendre ce protagoniste pour exemple et avec sérieux. Certaines séquences le concernant font partie des passages les plus fortes de la série. Marie aussi sous l'impulsion de Hank se livre sous un autre jour, j'ai vraiment aimé cette personne au cours de cette troisième saison. Junior prend de l'épaisseur, il change, grandit, c'est cool de le voir comme ça. J'en viens maintenant à Skyler. Incroyable !
Elle découvre le pot aux roses et sa réaction ne se fait pas attendre. Un enjeu crucial et qui redistribue les cartes. Comme pour sa sœur, ce personnage prend du poids et elle ne déçoit pas. J'irai jusqu'à dire la révélation de la saison, mais pas tout à fais ...
Gus est bien entendu le basculement le plus dingue ici. Comment ne pas être captivé, happé par un tel charisme. Son calme et son tempérament imperturbable poussent ses alliées comme ses adversaires dans des positions très inconfortables. Les cousins de Tuco sont des enfants de cœur à coté ! Un mot pour Mike et Saul, deux autres persos plus qu'important et jouissifs de l'univers Breking Bad, Géniaux !
Je me suis attardé sur les personnages, il faut souligner également le découpage des épisodes. Ils s'enchaînent avec cohérence et stimule l'intrigue. On ne stagne jamais. Un mot sur le 10, La Mouche, ahurissant. Il me faut d'ailleurs plus qu'un mot. Jamais un épisode de la série n'avais été à la fois aussi frustrant et merveilleux. Toute la bascule est là-dedans. Un épisode basée sur la morale et le moral de ses incarnations.
Une saison qui esquinte, le temps, ses êtres, ses certitudes ... Nous autres spectateurs. Une composition étincelante, une immense réussite qui me pousse à poursuivre sans attendre une seule minute. Pas de répit avec un tel Chef d'Oeuvre.