Seul contre la mode, un roc: Jules!
Au coeur d’un temps infesté par une mode excessive des Séries -principalement américaines- dont bon nombre aisément surcotées, il est un espace de tranquillité tel un oasis de simplicité, je veux parler des « Enquêtes du commissaire Maigret ».
Foin de scénarii alambiqués et survitaminé au suspens, artificiel trop souvent, je regarde régulièrement un épisode des enquêtes du commissaire le plus célèbre de France.
On sait ce que les séries peuvent avoir d’addictif. Les premières diffusions de Maigret version Bruno Cremer remontent à 1991/92 et elles repassent tous les 2 ans peut-être?
Cette coproduction européenne de la chaîne publique France 2, tournée, pour la plupart des 54 épisodes en République tchèque, dégage un charme surannée et sincère.
D’abord c’est Simenon -excusez du peu!- il est, avec son oeuvre, dans la digne suite d’un Balzac à la comédie humaine ou celle d’un Zola qui voulut lui faire écho, avec ses Rougon-Macquart; Simenon c’est même les deux réunis!
Et c’est Bruno Crémer, qui l’incarne enfin, lui apportant cette épaisseur tranquille. (Soyons charitable et oublions le navrant Jean Richard
Donc un épisode de Maigret est aussi une Madeleine, mais de Simenon celle-là, puisqu’ayant lu bon nombre des enquêtes, je retrouve le bonhomme et ses cogitations avec un rare plaisir ineffable.
Maigret c’est une ambiance, une atmosphère comme rarement parmi les séries françaises: le sandwich, le demi (ou le petit Blanc), la fumée de la pipe, une image couleur proche d’un Noir et Blanc assombri, Paris et ses ruelles, la Province et ses écluses du bord de Meuse, des acteurs très souvent justes, parmi lesquels -car les seconds rôles sont bien travaillés- le plaisir de retrouver des gueules, des poules, des seconds couteaux… interprétés parV ictor Garrivier, Danièle Lebrun, Marianne Basler, Etienne Draber, Jean-Louis Foulquier, Agnès Soral, Jérôme Deschamps, Elizabeth Bourgine, Pascale Roberts, Jeanne Goupil… tant et tant d’autres; regarder des Maigret c’est s’apercevoir de la richesse du vivier de comédiens français, et comprendre la nécessité de la protection par les Assédic du spectacle.
Simenon écrivait un Maigret en huit jours, chacun compte huit chapitres. Les intrigues sont simples, pas tarabiscotées à l’excès comme certaines outre-atlantique (je ne comprends rien à l’engouement de Game of thrones) et on y retrouve très souvent sous l’âpreté des rapports humains, cette acuité si forte chez Simenon, qu’il développait plus encore dans ce qu’il appelait ses « vrais romans » (Le voyageur de la Toussaint, un nouveau dans la ville, les demoiselles de Concarneau, la Marie du port…).
Alors oui Maigret! par Cremer (acteur qui vient du théâtre) et tous autant qu’ils sont derrière ou à côté, les petits, les Sans-grade.
La plupart du temps de la belle ouvrage et un bon moment.