Le documentaire est à la hauteur pour moi de ce qu'on pouvait en attendre: beaucoup de vidéos d'archive qui seront appréciables pour les nostalgiques, mais aussi quelques prises de recul sur l'arrivée du succès, la transformation d'internet, les coulisses de la chaîne, les grandes étapes qui ont jalonné la carrière youtubeur. Qui aime Squeezie aimera le documentaire, et je pense qu'il a de quoi plaire un peu au delà de ses aficionados.
Le risque de ce format, inévitable, tant les interviewés sont tous forcément acquis à la cause de Squeezie, est évidemment de faire office d'égotrip narcissique. Mais pour ma part j'ai trouvé que le doc proposait suffisamment d'angles pour éviter de sombrer trop dans cet éccueil.
(Ne lisez pas la suite si vous ne souhaitez pas être spoilé).
On retrouve le côté 'good vibe' qu'on connait de Squeezie, sa bonne humeur, son grain de folie, tout ce qui l'a rendu attachant pour ceux qui le suivent depuis tout jeune. Mais le doc étaye aussi son côté bosseur, ambitieux, persévérant, voire acharné, peut-être moins connu de lui, et permettant d'expliquer aussi son succès de manière plus rationnelle. Non sans ignorer la part de chance ("0 00001%" pour reprendre le titre de l'épisode), qui elle n'était ni prévue ni calculée, mais qui a pu être transformée à force de travail et de passion. Au final c'est l'histoire d'une success story, d'un ado plutôt mal barré qui se retrouve à fonder son entreprise.
On voit aussi une forme de sollitude à laquelle condamne cette starification fulgurante, et au final le doc dresse un portrait assez touchant où transparaît une volonté ancrée de bien faire et d'être apprécié, qui trouve racine en un ado banal, manquant plutôt de confiance en lui, qui a cherché et trouvé l'amour et la confiance dans sa communauté, et qui semble en vérité très réceptif à ce lien, auquel il s'estime largement redevable de son évolution ("merci internet").
Les plus gros concepts de la chaîne découlent souvent d'une volonté d'entrer en communion avec son public, en créant des évènements comme le GP. À contrario d'un lien parfois plus impersonnel et envahissant lors des demandes de photos à la chaine, ou encore de l'obsession aussi nocive qu'inévitable aux stats, la toxicité des critiques sur Twitter, etc. Et pourtant au final ce lien est tout de même décrit comme un pilier de la vie du youtubeur, qu'il ne veut pouvoir palper sur des événements, tout en le sachant éphémère et amené à s'éteindre un jour, admettant craindre ce moment inéluctable, et être déterminé à ne pas avoir de regrets quand ce jour arrivera, en exploitant les opportunités offertes avant qu'elles disparaissent.