Les cinq dernières minutes est un feuilleton qui me tient particulièrement à coeur, surtout après avoir revu en DVD la totalité des épisodes de la période Bourrel (1958-1972). C'est surtout sa rediffusion en 1987 grâce à l'ex 5 qui me fit redécouvrir ce feuilleton car, quand il était diffusé au début des années 1970, mon corps et mon esprit étaient ceux d'un très jeune enfant. Si j'éprouve une passion pour cette dramatique policière c'est en grande partie dû au fait qu'elle donne une image très précise de l'époque dans laquelle elle se déroule, surtout du Paris des années soixante avec tous ces personnages pathétiques, tronches de deuxième rôle de l'époque (dont Pierre Tornade qui y a fait ses meilleures interventions, Charles Lavialle, Paul Préboist, Henri Crémieux, Clarieux etc...) C'est un feuilleton naturaliste qui plairait à Emile Zola servi par une grande qualité d'interprétation dans des seconds rôles dont de futurs stars (Michel Bouquet, Serge Gainsbourg, Yves Rénier) ou de vedettes à deux doigts de la mort telles Pierre Brasseur, Rellys... Des voix célèbres se font entendre, elles servirent à doubler des personnages de séries américaines. Bien sûr, je ne le redirais jamais assez que Raymond Souplex est extraordinaire dans un rôle de flic bourru, râleur mais au coeur d'or (très représentatif dans l'épisode La rose de fer). D'ailleurs, il est sûrement passé à côté d'une grande carrière. L'inspecteur Dupuis est parfaitement à son aise dans le rôle de l'adjoint dur et sûr avec lequel Bourrel se chamaille. Le Planton Coulomb a aussi un côté théâtral très amusant. L'aspect pédagogique du feuilleton est aussi non négligeable car, à chaque épisode, nous sommes plongés dans un univers professionnel différent (avec des scènes tournées à l'extérieur) : les hommes grenouilles, le quartier des halles, les halles à vins de Bercy, Les trains, les avions, l'univers de la BD, de l'intérim, les bibliothèques, le lycée, le cirque, la boxe, l'univers des romans feuilletons, la casse de voitures, les marins pêcheurs, l'industrie, etc...). A partir de 1970, la série se déplace en province et perd un peu de son charme, car elle s'incruste mieux dans l'univers parisien. La mise en scène s'alourdit alors et l'analyse psychologique des caractères et l'étude de moeurs prennent le pas sur la dissection du milieu socio-professionnel étudié. On peut découper la série "Bourrel" en 3 parties, la 1ère était en fait un jeu où des candidats, tout droit sortis des années 50/60 apparaissaient stressés à l'écran mais avec une coiffe à la gomina parfaite. Cette partie a quand même parfois pas mal vieilli. De 1961 à 1968, vient l'âge d'or où se trouvent la plupart des chefs d'oeuvres du feuilleton. De 1968 à 1972, la série s'alourdit narrativement, beaucoup de scènes sont tournées en studio dans les salons de bourgeois où de belles quadragénaires vomissent sur les victimes ou coupables supposés. Les meillleurs épisodes : "L'eau qui dort, Quand le vin est tiré, Sans fleurs ni couronnes, Des fleurs pour l'inspecteur où Bourrel avoue sa peur de l'informatique, Bonheur à tout prix, La rose de fer, Un mort sur le carreau, Les mailles du filet et Meurtres par la bande". J'ai vite oublié la partie avec Jacques Debary dans le rôle d'un commissaire sadique et Eyraud son comparse abruti qui avaient composé Les cinq dernières minutes après une courte période de transition. Quant à la musique jazzy du générique et de certains épisodes, inoubliable !