Prenez un tabloïd du genre Closer, adaptez-le en mini-série, dans tout ce que ça implique de spectacle putassier et désinformé, à seul but de divertir le public adepte de ragots sur ses vedettes préférées. Netflix l'a fait. Peut-on vraiment l'en blâmer ? Non, il veut sa part du gâteau, et relance le débat puéril et vain entre accusateurs de Johnny Depp ("ouh l'agresseur") ou d'Amber Heard ("ouh la manipulatrice"). On se gardera bien de donner notre avis sur le sujet, et on aurait aimé que les intervenants des réseaux sociaux, présents continuellement dans le documentaire, fassent de même. C'est principalement ce qu'on a détesté dans cette mini-série : l'omniprésence des fans dithyrambiques, des "sachants-nés" (ceux qui donnent leur avis sur tout... absolument tout.), de ceux qui font des montages vidéos stupides. Non seulement c'est assez pénible à écouter / regarder sur l'ensemble des épisodes (la bêtise incarnée), non seulement c'est très orienté en faveur d'un seul parti (et, a contrario, donne du grain à moudre au contre-argument "tout le monde est contre elle"), mais en plus, cela leur donne de l'importance (et ne souligne pas assez combien ces interventions subjectives et peu pertinentes sont dangereuses pour la désinformation). Résultat : on a envie de faire "avance rapide" dès qu'on voit débouler le gars au masque de Deadpool, on soupire devant les tiktokeurs qui font du playback puéril sur les enregistrements du procès, on se demande jusqu'à quel point il était intéressant de filmer ce procès, en finalité. Mais showbiz is showbiz, et si vous aimez voir les gens laver leur linge sale en public, Netflix vous offre sur un plateau d'argent tous les moments croustillants de l'affaire, présente assez bien (il faut le reconnaître : le montage est fluide) chaque archive, retrace sans temps mort le procès et ses conséquences sur le public (même ceux qui ne sont pas déguisés en Jack Sparrow et en pancarte #MeToo). Le montage sonore s'est même lâché, mettant des ambiances graves à chaque présentation de preuve, et ponctuant les déclarations-chocs de petits bruits stridents ("ouh, punchline !"). Vous l'aurez compris, ce n'est pas avec cette mini-série que vous saurez la vérité, les Jack et les Pancartes continueront de s'insulter... Mais en même temps, cette troisième mi-temps est peut-être plus amusante que le match lui-même, vous ne trouvez pas ? Ou affligeante, à vous de choisir. Pour sa part, ce docu essaie péniblement de rester neutre, ce qui est difficile avec l'omniprésence des commentaires stupides des influenceurs, mais assure le service au niveau des archives présentées et détaillées, reste divertissant et assez exhaustif, et ne dure qu'un peu plus de 2h. Durée qui aurait dû être celle du procès, surtout si c'était pour s'intéresser à savoir si Madame Heard avait fait le remake de Mauvaise Foi Nocturne : oui, on parle de la banquette d'la BM.