Le légendaire drama d’AMC revient pour une seconde saison dans la droite ligne de la précédente, à la fois sans surprise et d’une richesse indéfinissable. Il faillait, il est vrai, une certaine volonté pour dompter Don Draper et son univers professionnel, sa vie privée, durant la première saison. Jamais exubérante, toujours sereinement engoncée dans son style classieux, propre sur elle, Mad Men ne s’adressait pas à celui qui se nourrit d’une tension omniprésente, de retournements subjuguants ou autres artifices propres à la télévision nouvelle génération. Non, Mad Men, bien que fleuron du nouvel âge d’or de la TV, s’inspire aussi de l’héritage du Soap Opéra, de la saga télévisuelle dans sa forme la plus classique. Matthew Weiner proposait alors une variation à la maîtrise parfaite de tout ce qui fît et fait encore le succès d’une série TV, mature, savamment écrite et riche en protagonistes charismatiques. Il n’y avait donc pas de raison que cela change pour ce retour. Et c’est tant mieux.
Maintenant prêts à côtoyer des personnages précédemment découverts, ayant appris à les connaître, nous voici d’emblée sous le charme. Ambiance rétro savamment orchestrée, dialogues savoureux, nous retrouvons la Sterling Cooper Company avec un plaisir non dissimulé, ainsi que tout l’univers qui lui tourne autour. Nous en apprendrons ici d’avantage sur le passé de Don, monstre de mystère d’un naturel épatant. Nous en apprendrons également plus sur sa profession, par le biais de nombreuses séquences illustrant des fondements même de la publicité. Nous côtoieront aussi d’avantage son épouse, la splendide Betty, alias January Jones, impeccable de froideur. En somme, nous ferons tout ça, durant cette seconde saison, en sachant bien que bon nombre de protagonistes ont une épée de Damoclès au-dessus du crâne, qu’ils sont tous susceptibles de bouleverser l’ordre des choses, la routine passionnante qui régit le show de Matthew Weiner.
Plus encore que précédemment, les scénaristes agrémentent judicieusement leur saga d’une avalanche de faits d’actualité, nous faisant revivre ces chères années 60 par le prisme de l’univers de la publicité. Réactions face à la Guerre froide, face à la mort de Marylin Monroe, et j’en passe. Le contexte, l’époque, prend une place prépondérante dans l’univers de Mad Men, à la fois moteur des évènements, motifs à débat et problématiques sociétales à inclure à la trame narrative. Il faillait alors une reconstitution parfaite pour obtenir ce ressenti, cette échappée en arrière aux temps de nos aïeux, pas si lointains mais radicalement différents de notre époque. Sexisme, alcoolisme, tabagisme, business, tout un tas de postulats vus à travers le prisme du temps qui passe.
Le charisme de Jon Hamm aidant, au même titre que la beauté de January Jones, la série est aussi passionnante qu’elle se doit de l’être. Evolutive mais sans branle-bas de combat, contemplative mais toujours objective, la série de Matthew Weiner, au terme de cette seconde saison, à trouver sa vitesse de croisière. Nous, on apprécie et en redemandons. Vivement la suite. 17/20