Il était une fois un jeune garçon nommé Arthur, fils de Pendragon. Retirant Excalibur lorsqu'il était encore enfant, sa mère l'envoya à Rome pour le protéger de son père, roi de Bretagne. Ce dernier, d'un tempérament violent, ne désirait pas voir son légitime successeur lui prendre aussi rapidement la place sur le trône. Mais les dieux l'avaient choisi, lui, Arthur. Un homme qui semble n'être atteint par rien au premier abord, mais qui cache finalement une très grande sensibilité. Après avoir fait ses classes à Rome, le futur roi de Bretagne revient sur ses terres et retire une nouvelle fois Excalibur, afin de prouver à tout le monde son pouvoir légitime. Alors arrivent les chevaliers de la Table Ronde, et commence la légende de la quête du Graal.
Il aura fallu six saisons à Alexandre Astier pour construire un récit cohérent, drôle et très intelligent sur le roi Arthur. Créateur, réalisateur, compositeur, monteur et enfin acteur principal, on pourrait croire l'individu auto-centré et sûr de lui, mais il n'en est rien. C'est un artiste totalement accompli qui n'a pas peur de bousculer les codes de la série dite « comique ».
Se focalisant d'abord sur de courts épisodes de trois minutes, le ton est donné d'entrée de jeu : Des personnages singuliers, une écriture ciselée et des répliques qui font mouche, Kaamelott n'est pas n'importe quelle série car elle se revendique décalée, et tout le monde ne pourra pas accrocher. Voilà le problème des créations qui osent. Il y a bien ce petit côté agaçant quand on voit que les situations n'avancent pas, mais c'est toujours un grand plaisir de voir évoluer ces personnages dans cette ambiance légendaire. De plus, l'idée de faire apparaitre des « guests » (Rollin en tête, mais aussi Decaunes, Semoun, Salomone, Chabat...) dans certains épisodes permet de renforcer la puissance comique de la série.
Mais c'est finalement à partir de la saison quatre que Kaamelott prend toute son ampleur. Guenièvre, la femme d'Arthur, le quitte et s'enfuit avec le chevalier Lancelot, bras droit du roi. Une fois de plus, Astier a l'audace de tout bousculer en insufflant un nouveau souffle à son oeuvre. Le côté dramatique surgit alors qu'il ne faisait que planer sur la série auparavant. C'est parce qu'on a eu ces centaines d'épisodes légers qu'on peut justement savourer cet habile et courageux changement de ton.
Tous les personnages prennent alors de l'ampleur, de la profondeur, et Astier arrive à réaliser quelque chose de très complexe : construire un héros tragique dans toute sa splendeur et ses contradictions. Sa musique somptueuse (allant parfaitement bien avec les décors de Cinecitta dans la saison six) ne fait que renforcer cet aspect et donne à la série une allure de grand classique.
Mais les meilleures choses ont une fin, et le réalisateur a eu l'intelligence de s'arrêter au bon moment. Le format « série » ne peut plus convenir à Kaamelott car celle-ci a pris trop de grandeur. Seul le septième art peut lui donner ces lettres de noblesse, et Sir Astier l'a très bien compris. Une trilogie est en préparation pour sortir au cinéma. Comme quoi, les légendes sont éternelles et continuent de résonner dans nos têtes, encore longtemps après.