Damages est une série juridico-dramatique qui se base sur un procédé technique appelé « flashforward », qui au contraire du flashback nous montre des scènes courtes se passant dans le futur. L’intrigue se construit donc sur la manière dont les évènements vont se combiner pour parvenir à cette situation. La série repose également sur un duel à couteaux tirés entre deux avocates New Yorkaises ambitieuses. D’un côté, Patty Hewes, considérée comme une des meilleures et des plus craintes dans son domaine et qui a bâti sa réputation sur ses combats pour David contre Goliath. A contrario, Patty est une femme aux dents longues, machiavélique, stratège et sans pitié qui n’hésite pas à utiliser la manipulation, le chantage et des « hommes de main » pour parvenir à ses fins. Patty ne se contente pas seulement de battre ses adversaires, elle ne souhaite que les mettre au tapis et les réduire à néant. De l’autre, Ellen Pearsons, jeune avocate fraichement diplômée, qui, si à l’origine est plus vouée à faire preuve de moyens plus éthiques, devra, au fur et à mesure de son opposition avec Patty, user des mêmes procédés. C’est Rose Byrne, qui avec son visage d’ange, interprète le rôle d’Ellen tout aussi magistralement que la diabolique Glenn Close, qui excelle dans les rôles de personnages que l’on adore détester, incarne celui de Patty. La confrontation entre ces deux working girls se fera autant professionnellement que personnellement, et aura, au contraire de l’atmosphère joviale d’Ally McBeal des conséquences dramatiques. La bonne idée des scénaristes est d’avoir découpé la série en 5 saisons toutes inspirées d’un véritable scandale juridique américain (Enron, Madoff et Wikileaks entre autre…) et de s’être entouré de seconds rôles plutôt bankables comme John Goodman, William Hurt, Timothy Olyphant, Ryan Philippe ou Ted Danson. Les saisons 1 et 2 sont les plus prenantes, la construction en flashforward fonctionne très bien et l’intrigue et les tensions sont bien en place. Malheureusement le processus s’essouffle durant les saisons 3 et 4 ou la rivalité entre Patty et Ellen est un peu mise de côté. Néanmoins, la saison 5 corrige ces carences et prend bien le temps de conclure les destins croisés des deux protagonistes. Si l’on peut reprocher à Damages une certaine complexité dans les intrigues et parfois quelques longueurs, il faut reconnaître que l’on reste attentif grâce aux nombreux rebondissements et surtout au personnage de Patty Hewes, dont les coups bas sont souvent jubilatoires. Je pense que le nombre de fois où je me suis entendu dire : « mais quelle s…..!» dépasse l’entendement. La série prend bien soin de développer ses méthodes, ses agissements, ses stratagèmes, ses tourments et son caractère exécrable aussi bien envers ses adversaires et collaborateurs qu’envers les membres de sa propre famille. Le duel entre les deux femmes ne sera pas uniquement qu’un règlement de compte, il pose aussi une véritable réflexion sur l’ambition professionnelle et ces conséquences sur la vie privée. Et à ce petit jeu, aucune d’entre elles n'en sortira en véritable vainqueur…