Avis L'Hôpital et Ses Fantômes S1

Plein d’idées visuelles formidables dans cette série, un style de réalisation hérité du Dogme95 (caméra portée, image granuleuse) qui crée de l’intensité à partir de pas grand-chose. Ces plans aériens sur l'hôpital sont magiques. Il y a aussi des éléments horrifiques dont on se rappelle pendant très longtemps.
Malheureusement l’histoire s’étire sur plus de 4 heures à partir d’un sujet plutôt mince. Les différentes lignes narratives traînent en longueur, et de nombreuses scènes se répètent fastidieusement. Je n’ai pas accroché à l’humour non plus.

Ce qui est bien avec Lars von Trier, c'est que la seule chose dont on est sûr avec lui c'est que le résultat sera inattendu. Il y a pas de raison pour que "L'Hôpital et ses fantômes" soit une exception...
L'excellent générique de début sur une excellente musique de Joachim Holbek annonce très bien la couleur, la série sera dingue. On a du fantastique, on a du gore, dont une séquence d'accouchement suffisamment bien chargée pour combler les plus spectateurs les plus spécialistes et les plus difficiles du genre, mais on a surtout le droit au burlesque le plus échevelé. Burlesque échevelé qui prend de plus en plus de place au fur et à mesure qu'on avance et au fur et à mesure que les manifestations paranormales se font plus présentes pour culminer dans un quatrième, et donc dernier pour la première saison, épisode particulièrement hilarant.
La réalisation technique, avec ses plans jaunâtres, ses caméras portées à la main, etc... est du pur Von Trier. Quand aux intrigues qui se déroulent dans cet hôpital de dingue, disons qu'on ne pige pas du tout. Et ce ne sont pas les commentaires ambigus des deux trisomiques à la plonge sur ce qu'il se passe dans l'établissement ou le résumé, qui ne fait au contraire que nous embrouiller un peu plus, de Lars Von Trier himself pendant le générique de fin qui vont arranger les choses. Mais on se laisse porter, tellement c'est imprévisible, tellement c'est un truc de dingue et que tellement si on l'accepte comme tel c'est un plaisir à regarder.
Et ceux qui sont amateurs de personnages complètement fêlés seront pleinement comblés. Pour cela, il ne faut pas chercher parmi les fantômes, ni même parmi les patients, au contraire la vieille qui communique avec les esprits apparaît comme le personnage le plus sensé, mais, c'est dire si c'est un truc de dingue, parmi le personnel. Entre notamment un étudiant en médecine débile qui ne trouve pas mieux pour s'amuser que de couper la tête d'un cadavre à la morgue, une neurochirurgienne qui porte un démon dans son ventre ou encore un pathologiste qui n'hésite pas pour servir ses recherches sur les sarcomes à s'en faire carrément implanter un, on est super bien servi.
Mais le summum est incontestablement atteint par le personnage du chef de clinique suédois totalement incompétent, qui ne manque jamais une occasion de crier sa haine du Danemark et des danois, qui quand il est responsable du fait qu'une petite fille qu'il a opérée soit devenue un légume est plus inquiet pour sa carrière que croulant sous les remords, qui est tellement odieux et arrogant qu'il finit sans mal, syndrome J. R. Ewing oblige, par devenir LE personnage favori. C'est l'exemple parfait du personnage que pour rien au monde on voudrait croiser dans la vraie vie mais qui dans une série est un véritable bonheur. Dans ce rôle, l'acteur Ernst-Hugo Järegård est franchement génial.
Et c'est donc rapidement que je vais retourner dans cet hôpital de dingues pour une seconde saison...