C’est à 76 ans que Sylvester Stallone effectue ses premiers pas dans une série télévisée, là où la plupart de ses congénères comme Steve Mc Quenne, Clint Eastwood, ou plus près de nous George Clooney se sont servis du petit écran comme exercice pour rôder leur jeu, se faire remarquer puis enfin se faire un nom dans le monde du cinéma. Après plus de 70 films et 52 ans de carrière, on n’attendait plus grand-chose de celui dont les principaux faits d’armes reposent sur deux sagas devenues iconiques du cinéma de genre des années 1980 à 2000. « Rocky » (six épisodes) et « Rambo » (5 épisodes) ont éclipsé tout le reste d’une filmographie marquée du sceau de la série B (voir plus) dont ne ressortent que quelques segments vraiment intéressants (« F.I.S.T » de Norman Jewison en 1978, « Cliffhanger » de Renny Harlin en 1993 ou encore « Copland » de James Mangold en 1997). Durant toutes ses années de carrière au sein d’Hollywood, Stallone n’a jamais pu vraiment se départir d’un jeu quelque peu rigide et d’une gestuelle figée lui conférant une certaine gaucherie qui a finalement largement contribué à sa popularité en raison du capital de sympathie dégagé par ce que le public assimilait aux origines populaires (ce qui n’est tout à fait exact) d’un acteur parvenu à force de persévérance à surmonter ses faiblesses. Depuis quelques années et « Expendables : Unité Spéciale » qu’il a lui-même réalisé en 2010, celui que l’on surnomme affectueusement Sly, entouré d’autres vétérans du cinéma d’action des années 1980 comme Bruce Willis, Arnold Schwarzenegger, Dolph Lundgren ou Mickey Rourke, est parvenu à pratiquer l’autodérision potache. Exercice pour lequel, la maturité enfin arrivée, il montre assurément quelques dispositions. Avec « Tulsa King », il enfonce de manière plus que sympathique le clou sous l’égide du très prisé Tony Sheridan déjà à l’origine de plusieurs séries à succès dont « Yellowstone », la dernière en date. Dwight Manfredi dit « Le général » est un mafieux new-yorkais libéré après un séjour de 25 ans en prison pour avoir couvert par loyauté clanique un règlement de compte qui ne le concernait en rien. Devenu gênant et un peu « has been », l’ex-bras droit du big boss est envoyé à Tulsa au fin fond de l’Oklahoma pour couler ses vieux jours sans faire de vague, loin de l’agitation de New York où se passent les choses sérieuses. Mais Dwight, quoiqu’un peu dépassé par un environnement technologique chamboulé n’a irien perdu d’une énergie et d’une pugnacité qu’il a eu largement le temps de recharger pendant ses longues années passées à l’ombre. Complétement zen car n’ayant plus grand-chose à perdre, il va comme le lion dominant qu’il est resté poser progressivement mais sûrement sa grosse patte sur une ville un peu endormie et déjà sous la coupe réglée d’un gang de motards redoutables. Patelin, jamais vraiment pressé et toujours le mot rassurant à la bouche, Dwight va réussir à s’associer avec un vendeur légal de marijuana (Martin Starr), un tenancier de bar ancien champion de rodéo, un jeune chauffeur de taxi (Jay Will) en déshérence et un ancien membre de son clan new-yorkais (Max Casella) arrivé à Tulsa par hasard. Parvenu au troisième âge certes mais encore très séducteur, Dwight va faire tomber comme une mouche l’agent de police (Andrea Savage) en charge de suivre ses activités puis dans la foulée, la très « caliente » Dana Delany interprétant avec tout le charme requis une propriétaire d’un ranch de chevaux n’ayant pas froid aux yeux. Tout ce petit monde s’amuse follement sous l’autorité bienveillante d’un Sylvester Stallone que l’on n’avait jamais vu aussi à l’aise, confirmant l’adage bien connu, affirmant que « c’est dans les vieux pots…. ». L’ensemble sur neuf épisodes très convaincants et très immersifs se laisse déguster avec le plus grand plaisir si l’on veut bien admettre que tout ceci n'est pas très sérieux. On dit que Stallone aurait refusé de rempiler pour une deuxième saison Espérons qu’il changera d’avis.