Une excellente série presque confidentielle, car n'ayant pas eu la promo d'autres séries du moment, ou n'ayant pas les leviers et le réseau de certains qui lèvent des dizaines de millions pour placer les copains au cinéma.
Avec Coeurs Noirs ont est dans une série qui n'a rien a envier aux productions hyper réalistes dont nous habituent plus souvent les américains, mais avec la finesse et le scénario en béton armé d'un Bureau des Légendes (d'ailleurs les deux mêmes auteurs sont derrière les deux séries, ça explique beaucoup sur la qualité de l'écriture).
Dès les premières images on "y est", on est embarqué, on est avec eux, on a peur avec eux, on souffre avec eux, on doute avec eux, mais on a encore envie d'aller avec eux, car l'enjeu est monstrueux,
s'ils faillissent ou s'ils abandonnent, des attentats auront de nouveau lieu en France.
Le casting est hyper crédible, à un ou deux détails près que je mentionnerais ensuite, tant au niveau des opérateurs forces spéciales, des personnels de la DGSE, de la chaine de commandement, des alliés avec qui il faut travailler, et des belligérants contre lesquels ils se battent, non pas gratuitement parce que "c'est la guerre", mais parce que c'est éminemment nécessaire, sur la base de renseignements à obtenir, pour des questions de vie ou de mort.
C'est filmé caméra à l'épaule, pour être au plus près de l'odeur de la poudre et du sang, on ne nous épargne rien, toutefois rien n'est gratuit, on parle d'un réalisme brut, charnel et métallique à la fois, avec une tension qui ne redescend que très rarement (et même dans ces moments on a peur pour eux, c'est dire).
Les décors sont absolument fous de réalisme, il n'y pas l'once d'un fond vert ou d'un trucage visible, les extérieurs sont à couper le souffle parfois, la caméra sachant prendre la largeur quand il le faut pour mieux revenir à portée de souffle des protagonistes.
Les protagonistes justement, la réalisation prend le temps de les approfondir, chacun est différent dans son devoir commun avec le groupe, et chacun vit les événements à sa manière, beaucoup de choses ne sont pas exprimées de vive voix mais on comprend tout de même l'état d'esprit de chacun, grâce à un jeu et une direction d'acteurs de haute volée. Au niveau du réalisme, on voit que les acteurs ont "drillé" les mouvements, le maniement des armes, les stratégies d'évolution en terrain ennemi. C'est encore mieux foutu, de ce point de vue, que le film "Forces Spéciales" par exemple, qui pourtant a été un saut qualitatif du point de vue réalisme des manœuvres sur le terrain à l'écran.
Quelques détails m'ont toutefois légèrement fait sortir de l'action par moments:
Deux poses de garrot tourniquet type CAT ne servent apparemment à rien, ne stoppant pas (mais alors pas du tout) l’hémorragie, du coup on y va à la compresse hémostatique... Or le garrot tourniquet est de loin le moyen le plus efficace de stopper de telles hémorragies, et si un seul ne suffit pas, on en met un deuxième. Pas besoin de "clamper" une artère à la rache dans le véhicule normalement. En plus, faire ça prendra trois plombes et le blessé va y rester du coup. Quand on applique un tourniquet, le blessé, si encore conscient, ce qui est le cas les deux fois, va hurler à la mort, ça va lui faire beaucoup plus mal que sa blessure, là par deux fois c'est comme si on leur appliquait un patch à la nicotine tellement c'est indolore...
En parlant de nicotine, je ne crois pas que des opérateurs actifs de forces spéciales (13 RDP, Commando Marine, etc) soient à près de deux paquets de clopes par jour, c'est incompatible avec le niveau physique requis pour être sélectionné et rester au niveau. Là ça fume tous les 10 plans, à la base, en opération, partout, tout le temps. Je ne comprend pas ce choix, à moins que le réal n'ai pas voulu trop emmerder les acteurs probablement vrais fumeurs pourtant que la caméra tournait.
Lors d'une scène très intense, alors que le groupe est équipé d'AR15 (fusil d’assaut automatique avec dispositifs de visée top moumoute avec vision nocturne et tout), il y en a deux qui sortent les armes de poing pour tirer à près de 30m contre des ennemis qui rafallent à l'AK-47. C'est la mort assurée que de riposter au pistolet 9mm alors qu'on a le HK en 5.56 en bandoulière infiniment plus précis et létal. D'ailleurs ils le reprennent en main ensuite, donc on ne peut prétexter un problème d'enrayement.
Une dernière, lors d'une longue phase d'observation, au demeurant très réaliste elle aussi, l'opérateur(trice) TDL (ou snipeuse) se sert de l'optique de son AR15 pour renseigner sur les allées et venues des vilains, alors qu'elle a son arme longue distance avec elle, avec une optique autrement plus compatible avec l'observation à longue distance.