Une série de qualité.
Les attentes au moment de lancer VLC sont énormes, The Wire est régulièrement citée comme la plus grande série de tous les temps. On comprend rapidement pourquoi : la réalisation est quasi documentaire, on prend le temps de connaitre chaque personnage, son taf, sa vie personnelle et les impacts que l'un à sur l'autre. L'immersion dans le pit de Baltimore bouscule sérieusement notre anglais scolaire et globalement la réalisation nécessite une attention constante pour suivre les événements, les jeux politiques et enjeux entre personnages. Ce n'est pas une série très divertissante ni facile.
Le boulot des flics déconstruit complètement l'idée que l'on se fait d'une enquête et du boulot de flic. Jimmy, Kima, Herc' et les autres font un travail de fourmi laborieux, peu valorisant. Le job est complexifié par les relations inter-service (homicide, narcotics, fbi, procureur, juge), les liens hiérarchiques (avec saut d'échelon), le très politique système de promotion à l'américaine et la corruption. La crédibilité de la série est renforcée par les personnages tous nuancés : les gangsters sont plus ou moins "méchant" (Poot, Stinger, Omar...), les flics plus ou moins héroïques (Mc Nulty est alcoolique et traite les femmes comme de la merde, Beadie n'est devenu flic que pour payer ses factures....). La série met également en lumière les mécanismes de reproduction (la montée en puissance de Bodie, la mise à mort de son ami d'enfance), la mort de certains, le professionnalisme et la puissance des réseaux (Blacks, Grecs...) ou la pauvreté portant les germes de la délinquance (le parcours de Nicky qui ne trouve pas taf pour fonder sa famille).
Une série de qualité donc mais au moment de lancer VLC il s'agit d'un choix de raison plus que de passion. D'abord parce que le réalisme a un prix, le laborieux et l'ennui du travail de flic... se ressent forcément chez le téléspectateur, ici pas de révélation sherlockienne de scénario hitchcockien ou de course poursuite spectaculaire. Ensuite aussi parce que découvrir The Wire en 2021 a perdu un peu de son sens : le réalisme quasi documentaire n'a plus qu'une valeur historique tant l'utilisation de bipper, de cabine téléphonique ou la découverte du sms peuvent faire sourire.
Saison 2 : L'idée de remonter la chaine de la dope jusqu'à son approvisionnement jusqu'au port était excellente mais ne tient qu'à moitié ses promesses car les imbrications des différents réseaux (black, grecs) sont finalement peu creusés. Par facilité scénaristique et logistique on fini même par reformer l'équipe à l'identique de la saison1. Côté méchant le personnages du tueur et surtout de Ziggy caricaturaux au possible m'ont franchement insupporté. Le contraste entre le monde ouvrier/portuaire des docks et ses polacs avec le pit de la première saison est par contre saisissant.
Saison 3 : on remonte cette saison dans la hiérarchie politique de la ville, on assiste à la réinsertion compliquée d'un ancien muscle et à l'expérimentation d'une légalisation contrôlée. Malgré l'indéniable qualité de The Wire cette saison est ma dernière. J'en retiendrais les jeux politiques qui veut que Tommy Carcetti favorise (à son propre détriment) son ami et concurrent dans le seul but de diviser le vote noir soutenant l'actuel maire Royce, le mépris des puissant(e)s qui utilise les faibles comme des outils (sexuel, de travail), la paradoxale incompatibilité entre une carrière politique et le bien commun, la pression du chiffre et du résultat dénué... de résultat. L'expérimentation Hamsterdam n'est traitée quasi que positivement alors que Amsterdam a montré au contraire que la situation est beaucoup plus nuancée, ce qui ne veut pas dire qu'elle ne soit pas meilleure que la répression ceci étant dit, le problème c'est qu'en 10 heures ont aurait dû avoir le temps de l'explorer.
La raison principale qui me pousse à m'arrêter est que cette série reste... une série. Elle est construite sur les mêmes mécanismes qui rendent ce format insupportable et notamment l'incomplétude mentale : on nous fait donc attendre toute une saison avant de voir assouvi la vengeance de bow-tie... A l'inverse beaucoup de thèmes et personnages tournent en rond : Omar continuent ses bracages, Bubs de snitcher, Pryzbylewski d'être handicapé dès qu'il a un revolver dans les mains et Daniels d'être un supérieur charismatique et brillant.
Le final permet tout de même de solder de nombreuses sous intrigues la plus surprenante étant le choix de Mc Nulty de renier son job passion pour un job alimentaire afin de privilégier une hypothétique vie de famille. Exemple à suivre ?